Jérusalem n’est pas un ville importante avant le sionisme . « Au début du xixe siècle, c’est Acre qui joue le rôle de capitale politique et économique de la région. Ainsi, la Ville sainte ne se distingue pas particulièrement d’autres villes. En d’autres termes, le pouvoir ottoman ne lui accorde pas plus d’importance qu’à une autre. »1 

En 1841, Jérusalem devient le chef-lieu d’un pachalik2 dont on ne connaît pas exactement « le statut exact par rapport aux vilayets qui l’entourent » 3

Jérusalem Capitale : une création britannique

« La victoire sur l’Égypte en 1841 a été l’occasion d’une prise de conscience à Constantinople : la région palestinienne était trop éloignée par rapport aux centres politiques comme Damas et Beyrouth. Le choix de Jérusalem s’est donc fait en raison de son positionnement géographique et de son intérêt stratégique. Par ailleurs, la Ville sainte fait l’objet au xixe siècle d’une attention particulière de la part des puissances étrangères qui se traduit par la création de consulats généraux. Ces derniers dépendent directement du ministère des Affaires étrangères de leur pays respectif, et non de leur ambassade à Constantinople. « Du coup, les autorités ottomanes n’ont d’autre choix que de suivre le mouvement, en promouvant à leur tour le rôle et la place de Jérusalem dans son environnement régional »4. Le déclenchement de la première guerre mondiale met un terme à près de quatre cents ans de présence ottomane dans la Ville sainte, conquise par les Britanniques le 9 décembre 1917. Jérusalem devient alors la capitale politique de facto de ce qui n’est pas encore la Palestine mandataire.

...Craignant de voir d’autres États profiter de ce changement de souveraineté, la Grande-Bretagne décide d’agir rapidement pour affermir sa position dans la Ville sainte. Cette politique se traduit notamment par la mise en place d’une esthétique architecturale de type oriental et par un véritable plan d’aménagement urbain. Il s’agit en fait de combler le retard de la Grande-Bretagne dans ce domaine par rapport à d’autres États. La concurrence internationale, particulièrement rude à Jérusalem depuis le xixe siècle, s’illustre effectivement par la construction d’édifices monumentaux qui doivent témoigner du prestige de la nation qu’ils représentent. Les Français et les Russes sont particulièrement bien placés avec, pour les premiers, des bâtiments comme l’hôpital Saint-Louis ou l’hôtellerie de Notre-Dame de France et, pour les seconds, les monastères de Saint-Siméon à Katamon et de Saint-Jean-Baptiste à Ein Kerem ou l’église Sainte-Marie-Madeleine érigée par le tsar Alexandre III sur le Mont des Oliviers en 1885.

… En 1922, la Société des Nations attribue officiellement l’Irak, le nouveau Royaume de Transjordanie et la Palestine à la Grande-Bretagne. Le rôle de Jérusalem prend ainsi une nouvelle dimension et son statut de capitale en sort dès lors renforcé. »5

 

1 Les Cahiers de la Méditerranée, Le statut de Jérusalem 1949-1967, Daniel Onino,2013

2 Dans l’organisation administrative de l’Empire ottoman, un pachalik désigne un territoire dirigé par un pacha. Ce titre est attribué généralement par le pouvoir central ottoman à des gouverneurs de provinces et à des hauts gradés de l’armée mais sans pour autant se limiter à ces catégories. Un sandjak peut très bien en effet être dirigé par un pacha, d’autant plus que les pachas ne sont pas tous de même rang et qu’il existe une hiérarchie entre eux.

3 Catherine Nicault, Une histoire de Jérusalem, 1850-1967, Paris, CNRS Éditions, 2008, p. 106.

4 Ibid

5Les Cahiers de la Méditerranée, Le statut de Jérusalem 1949-1967, Daniel Onino, 2013