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L'église est aussi appelée Basilique de la résurrection Agia anastasis par les chrétiens d'orient.

L'église du Saint-Sépulcre, située sur l'emplacement d'une ancienne carrière, est pour les Catholiques et les Orthodoxes l'édifice qui couvre l’emplacement possible du tombeau du Christ (le Saint-Sépulcre) ainsi que l'endroit de sa crucifixion (Golgotha) et de sa résurrection (Anastasis). C'est aussi là que serait enterré Adam (Chapelle d'Adam) .

L'église accueille 1 million de visiteurs par an (un touriste sur deux la visite) . C'est un lieu de pèlerinage depuis le IVe siècle.

 

Les Protestants préfèrent la tombe du jardin non loin de la porte de Damas. Les tombes juives de l'antiquité étaient situées en dehors de la ville et placées dans une cavité creusée dans le rocher, puis fermées par une pierre.

La découverte en 1890 d'un jardin comportant des citernes a permis aux protestants d'avoir leur propre Golgotha. Le Saint-Sépulcre étant déjà très occupé. Situé non loin de la porte de Damas, la tombe du jardin,

- est située près d'une colline rocheuse dont trois cavités peuvent laisser imaginer la forme d'un crane.

- sont situées hors des murailles de la vieille ville comme l'étaient les lieux d'exécution et de sépulture de l'époque.

- est suffisamment large pour permettre l'érection de trois croix, Jésus ayant été entourés des deux larrons.

 

L'église est aussi le siège du Patriarcat orthodoxe et arménien.

 

 « Le lieu le plus saint de la chrétienté est aussi l'un des plus déconcertants. Dans la fumée de l'encens et à la lueur des lampes à huile, entre les échafaudages et sous des voûtes de tous les styles, la basilique du Saint-Sépulcre, construite au-dessus du tombeau du Christ, n'est ni propice au recueillement comme un cloître roman, ni à une ­expérience mystique comme une cathédrale gothique. C'est un endroit bruyant et compliqué, sombre et sans logique.

Son plan est aussi complexe que son histoire. Dès l'entrée, la basilique donne une impression étrange. Pas de parvis ni de perspective. Le fronton donne sur une petite place étroite coincée entre les maisons de la vieille ville de Jérusalem, au pied d'un minaret. Ce n'est d'ailleurs pas un fronton, puisque l'on pénètre dans l'église par une porte s'ouvrant sur l'un des côtés de la basilique originelle. À l'intérieur, pas de vitraux ni de colonnades, de chapelles pleines de grâce ou d'ambiance recueillie. Dès l'entrée, la foule des fidèles, pèlerins et touristes, s'agglutine autour de la pierre de l'onction, plaque de marbre où a été lavé le corps du Christ avant sa mise au tombeau, mais remplacée au XIXe siècle. »1

 

Dans la tradition chrétienne, Jésus Christ a été crucifié sur la colline du Golgotha puis enterré dans une tombe construite dans un jardin environnant en 30 ou 33 de notre ère. Après trois jours, il aurait ressuscité d’entre les morts.

 

La question des murailles

La crucifixion a eu lieu hors le murs, mais le Saint-Sépulcre est visiblement situé à l'intérieur des murailles.

Ce fait qui permet aux protestants d'avoir leur Golgotha dans un autre endroit ne gêne rien les catholiques et orthodoxes qui considèrent que la muraille a été étendue en 41-42 par Hérode Agrippa au Nord-Ouest de la ville. Auparavant le Golgotha était bien hors les murs.

 

La découverte de la croix

En 324, à la demande de Constantin, converti depuis peu au christianisme, Macaire, l’évêque de Jérusalem, part à la recherche du tombeau du Christ. Après avoir détruit des bâtiments païens, il serait tombé sur la « grotte la plus sainte de toutes » à côté du sommet du Golgotha. Il en informe Constantin qui lui écrit  :

« La grâce de notre Sauveur est si grande qu’il n’y a, semble-t-il, aucune ressource d’éloquence digne du miracle présent. Que la preuve de la Passion très sainte, cachée depuis longtemps sous la terre, ait échappé aux regards pendant tant d’années, jusqu’au moment où elle devait briller à nouveau aux yeux des serviteurs de Dieu libérés par la destruction de l’ennemi commun de tous, cela passe vraiment toute admiration […] La foi en ce miracle dépasse toute capacité de la raison humaine […] Ce qui me tient le plus à cœur que tout, c’est d’orner par de belles constructions ce lieu sacré que, sur l’ordre de Dieu, j’ai débarrassé [ …] de l’ignoble idole  qu’on lui avait ajoutée ; ce lieu est devenu saint dès l’origine par le jugement de Dieu et il est manifestement bien plus saint encore depuis qu’il a fait voir en pleine lumière sur quoi se fonde la foi en la Passion salutaire. » (dans Eusèbe, Vie de Constantin, III, 30).

La légende de la découverte du golgotha dit aussi que c'est Flavia Giulia Elena dite Hélène, la mère de Constantin qui l'aurait découverte en venant à Jérusalem. Ceci est attesté par l'historien Rufin d’Aquilée  dans son Histoire ecclésiastique (I, 7-8) écrite en 402/403 :

"A la même époque, Hélène, la mère de Constantin, femme incomparable par sa foi, sa piété et sa magnificence insigne […] guidée par des visions divines, se rend à Jérusalem ; là elle s’informe auprès des habitants pour savoir où le corps sacro-saint du Christ avait été pendu, cloué à une croix. Lorsque cette femme pieuse se fut rendue en hâte à l’endroit qui lui avait été indiqué par un signe du ciel, elle en fit arracher tout ce qui était sacrilège et qui le profanait ; une fois les déblais enlevés jusqu’à une grande profondeur, elle trouva trois croix en désordre."

Pour trouver la bonne croix parmi les trois, l'évêque Macaire touche une femme malade à demi-morte avec chacune des trois croix. La troisième la guérit instantanément  "aussitôt la femme se leva, les yeux ouverts, et, ayant retrouvé la plénitude de ses forces, beaucoup plus alerte que lorsqu’elle avait la santé, elle se mit à parcourir toute la maison et à exalter la puissance du Seigneur"

Selon une autre version, elle aurait trouvé sur l'une des croix l'inscription suivante : Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum, Jésus de Nazaret roi de Judée (le INRI des peintures), surnom donné par les romains pour le moquer.

Depuis la vraie croix a beaucoup voyagé au gré des invasions et a fini par se perdre. Il en restait un fragment, acheté par Saint-Louis (1226 - 1270) à Constantinople et déposé dans la Sainte-Chapelle à Paris. Mais il a aussi disparu sous la Terreur (1793-1794).

Le monastère de la vraie croix, en bas de la colline qui abrite la Knesset et le Musée de Jérusalem est réputé construit sur l'endroit où l'arbre qui a servi à l'érection de la croix a poussé.

Des bâtiments sont érigés sur ces deux lieux sacrés, et inaugurés en 335. Ils viennent entourer le lieu le plus important de la tradition chrétienne jusqu’à nos jours.

L'église est mise à feu durant le pillage et la destruction  de Jérusalem par les Perses en 614, le Saint-Sépulcre est ensuite détruit par Al-Hakim bi-Amr Allah, calife fâtimide (le Calife 'fou' ) d’Egypte, en 1009.

Il est reconstruit dans un style simplifié, quelques années plus tard. Après la conquête de la ville sainte par les croisés, le Saint-Sépulcre traverse un siècle (1099 - 1187)  sous leur royaume.

Suite à une période calme, Jérusalem passe sous domination ottomane (1516) , pendant laquelle l’édicule est détruit par un incendie (1808)  ;

Il est reconstruit en 1810.

A la chute de l’Empire ottoman, la ville sainte tombe sous contrôle britannique (1917) , puis jordanien à partir de 1948.

Depuis la conquête de Jérusalem-est et donc de la vieille ville par l’armée israélienne en 1967, c’est Israël qui a autorité sur la partie de la ville abritant le Saint-Sépulcre.

 

LES DATES CLÉS

 

135 : l'empereur Hadrien détruit Jérusalem et l'arase. Le souvenir du lieu du Saint-Sépulcre se perd

 313 : Constantin : édit de tolérance

 327 : visite d'Hélène, mère de l'empereur Constantin, converti au christianisme et auteur de l'édit de milan (313) qui autorise la christianisme. Elle découvre le golgotha

 Entre 327 et 335 : Une basilique byzantine (Constantin est empereur d'orient) est construite. Elle fait 115 mètres de long.

 

 

 

 

 

 

 

380 : Théodose le Grand : édit de Théssalonique. Le christianisme est la seule religion

614 : incendie suite aux invasions des perses de Khosro II et de son général Romizane 'le sanglier royal'

 

 

 

 

 

 

 

630 : l'église est déjà rebâtie quand l'empereur romain Héraclius,, vainqueur des Perses restitue la vraie croix à l'église.

638 : conquête arabe d'Omar. L'église ne subit pas de dommage. La garde de la porte est confiée à la famille Nusseibeh

746 : un tremblement de terre détruit en partie le saint-sépulcre qui est rebâti en 810.

841 et 938 : l'église subit deux incendies.

967 : l'église est incendiée par les musulmans qui tuent le patriarche.

1009 : 18 octobre Destruction de la basilique par le Calife fatimide Al-Hakim.

Entre 1042 et 1048 : le saint-Sépulcre est reconstruit aux frais de l'empereur Michel IV (1034 - 1041) suite à un accord avec le calife al-Mustansir (1036-1094). Le travail est achevé en 1048 sous Constantin IX Monomaque (1042-1055).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1095 : le pape Urbain II appelle à la première croisade (ce nom viendra bien plus tard) pour délivrer le Saint-Sépulcre.

1099 : prise de Jérusalem par les croisés

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 1192 : Saladin qui a conquis la ville en 1187 confie les clés à la famille de Joudeh.

Les deux familles musulmanes qui se vont vues conférer, pour l’une la garde de la clé  et pour l’autre la responsabilité de l’ouverture et de la fermeture de la basilique, deux charges distinctes et complémentaires ont permis de neutraliser les disputes entre les communautés chrétiennes qui avaient la garde du tombeau du Christ.


1244 : le Saint-Sépulcre est dévasté par les Turcs Khwarzémiens qui pillent Jérusalem et massacrent les Chrétiens.

1555 : reconstruction de l'édicule, la chapelle abritant le tombeau.

1648 et 1719  : restauration du dôme.

1752 : premier statu quo sur les lieux saints.

1808 : 12 octobre, suite à un incendie, le dôme s'effondre.

1810 : reconstruction. Remplacement de la pierre de l'onction. Construction de l'édicule ( tombeau)

1852 : firman ottoman de confirmation du statu quo.

1868 : reconstruction du dôme.

 1927 : nouveau séisme.

1901 : guerre des balais.

2002 : un moine copte signale qu'une chaise est déplacée du territoire éthiopien sur les toits. Bilan 18 personnes hospitalisées suite à la bagarre générale.

2008 : rixe entre popes grecs et prêtre arméniens. La police doit intervenir pour les séparer.

2017 : rénovation de l'édicule. La plaque qui recouvre le rocher est enlevée pour la troisième fois (1555, 1810 , 2017)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A QUI APPARTIENT LE SAINT-SÉPULCRE : LE STATU QUO

 

Il est partagé entre trois ordres chrétiens qui seuls possèdent des titres de copropriété dans les espaces privés.

 

Les Latins Franciscains. Ils sont les gardiens de l'épée de Godefroy de Bouillon

Les Grecs orthodoxes qui entretiennent le tombeau,

et les Arméniens apostoliques.

 

Trois autres ordres disposent de droits plus précaires :

Les Syriaques orthodoxes (chrétiens d'Antioche) ,

Les Coptes,

et les Éthiopiens orthodoxes.

 

Les églises orientales

Apostolique Arménienne - Catholique Arménienne – Chaldéenne - Copte Orthodoxe - Copte Catholique - Éthiopienne Orthodoxe - Gréco-Catholique Ukrainienne - Gréco-Catholique Roumaine - Russe Catholique Byzantine - Grecque Melkite Catholique - Grecque Hellène – Maronite - Syriaque Orthodoxe - Syriaque Catholique - Syro Malabare.

 

la loi en vigueur au Saint-Sépulcre est la ­celle du Wafq, la loi musulmane concernant les biens religieux. Selon cette règle, on perd un droit si l'on n'en fait pas usage, et un empiétement de ses voisins devient légal si l'on ne s'y oppose pas.  Ce qui explique en partie pourquoi les différentes Églises sont si jalouses de leurs prérogatives au Saint-Sépulcre.

 

Le statu quo établit depuis 1752 dans le détail les horaires des cérémonies, l'emplacement des lampes et la responsabilité de chaque partie de l'édifice.

Il est confirmé en 1852 et 1853 par un firman (acte juridique) ottoman, puis par le traité de San Stefano en 1878. Le principe est que chaque église ne peut empiéter sur le territoire des autres dans l'édifice. Le reste, beaucoup plus précis est issue d'une jurisprudence orale construite au fil des années.

 

ÉGLISE OU BASILIQUE

L'église accueille l'assemblée des fidèles, l'ekklesia.

La basilique, est d'abord un lieu d'activité dans le monde romain. C'est à l'origine le 'portique du roi', le Stoa Basileio, où siège l'archonte, le dirigeant. Un portique est un bâtiment, ou la partie d'un bâtiment couvert, fermé à l'arrière par un mur plein, et ouvert en façade par une colonnade. C'est un centre d'affaires sans connotation religieuse en Grèce. Le mot basilique dérive de basileus et -iké en grec, la salle du roi.

C'est ensuite devenu une église d'une importance religieuse majeure (reliques, lieu de l'édification)

Le plan des basiliques est d'abord un bâtiment romain rectangulaire (une nef) couronné par une abside en demi-cercle. Le transept a été ensuite ajouté pour former une croix latine si la nef est plus grande que le transept, ou grecque si les deux sont égaux afin de supporter la coupole typique de l'art religieux byzantin).

Une cathédrale est l'église qui abrite le siège (le cathèdre) de l'évêque . Il est à l'origine le surveillant, le protecteur , l'episkopos' de l'assemblée, celui qui nomme ceux qui ont charge d'âmes (cura animarum), les curés.

 


 

1 Le saint-Sépulcre sanctuaire bruyant et convoité in Le figaro , Adrien Jaulmes, 15/05/2009

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