Le 12 avril 1948, la ligue arabe vote une résolution qui définissait l'entrée des armées arabes en Palestine comme une mesure temporaire – ne signifiant nullement l’approbation d’une quelconque occupation, ou partition, de la Palestine, qui devait être rendue à ses habitants, ceux-ci une fois libérés de l’agression sioniste

(Shwadran, 1950, p. 1102). Ainsi donc, tout État arabe dont l’armée conquérait des territoires en Palestine était, par la suite, censé les remettre aux Arabes de Palestine (Sicker, 1989, p. 103).

Vu la situation sur le terrain, et visiblement dans le but d’empêcher le roi Abdallah d’annexer les territoires palestiniens passés sous son contrôle, les membres de la Ligue arabe, entraînée par l’Égypte, encouragent la formation d’un « gouvernement arabe de toute la Palestine », qui est proclamé à Gaza le 20 septembre 1948. Ahmed Hilmi pacha est à sa tête. Quant au fameux leader nationaliste palestinien, Hâjj Amîn al-Hussaynî, il préside une « assemblée nationale arabe palestinienne », également installée à Gaza.

Le roi Abdallah réagit en organisant rapidement, le 1er octobre 1948, un congrès formé de notables et leaders palestiniens réunis à Amman. Celui-ci répudie le gouvernement palestinien proclamé à Gaza et exprime le souhait de remettre le destin de la Palestine entre les mains du souverain hachémite. Une nouvelle étape est franchie le 1er décembre 1948, lors du congrès de Jéricho.. 1

 

Le roi Abdallah convoque un congrès à Jéricho à laquelle participent près de deux cents notables Palestiniens. Ces derniers expriment leur volonté « d’une unité entre la Palestine et la Transjordanie, étape vers la totale unité arabe.

Le Cheikh Mohammed Ali Jabari, maire d’Hébron, fait proclamer alors «Sa Majesté le roi Abdallah, roi de toute la Palestine ».

Les Israéliens reconnaissent quelques jours plus tard les résolutions prises à Jéricho.2

Pour Abdallah, par contre, ces territoires doivent lui permettre d’acquérir une nouvelle stature auprès du monde arabe en permettant au troisième Lieu saint de l’Islam d’être sous la responsabilité d’un dirigeant musulman, hachémite de surcroît, après trente ans d’administration chrétienne. C’est pourquoi le roi de Transjordanie est totalement opposé «à toute forme d’internationalisation » et qu’il « entend administrer seul les Lieux saints comme la vieille ville de Jérusalem3 ». Le 17 mars 1949, Abdallah supprime le régime militaire à Jérusalem et place la vieille ville sous administration civile.


Cheikh Mohammed Ali Jabari, maire d’Hébron (turban blanc) et Hussein de Jordanie, successeur d'Abdallah

1Vincent Legrand, la question de l'inconstitutionnalité de la décision de désengagement de la Jordanie en 1988, Egypte/monde arabe, 2/2005, ed CEDEJ

2 Le statut de Jérusalem de 1949 à 1967, Olivier Danino, Cahier de la méditerranée, 15 juin 2013

3 Youakim Moubarac, « La question de Jérusalem », Revue d’études palestiniennes, no 6, 1982, p. 63