Alors que la vieille ville commence à devenir trop petite pour la communauté juive de Jérusalem, un nouveau quartier juif, le premier hors des murailles, tente d'absorber la population juive qui ne peut plus être logée entre les murs.

C'est le banquier et philanthrope juif orthodoxe anglais, Sir Moses Montefiore, qui finance la construction des Mishkenot Sha'ananim (les habitations paisibles), en face du mont Sion.

En 1860 est bâtie une première et grande construction, conçue comme un hospice. Rapidement le quartier compte dix maisons, un hangar et le moulin à vent.

La vieille ville est alors surpeuplée mais protégée, ce qui n'est pas le cas des nouveaux logements. Assez luxueux pour l'époque, ils ne rencontrent pas un franc succès, car ils sont trop exposés aux dangers d'une cohabitation pas toujours sereine avec leur entourage immédiat. Un mur est donc construit pour les protéger, fermé la nuit par une porte.

Seuls s'installent aux  Mishkenot Sha'ananim ceux qui n'ont pas d'autres choix, c'est à dire les plus pauvres.

Montéfiore va jusqu'à payer 1000 livres sterling par famille, une somme énorme, aux 10 premières familles pour qu'elles viennent s'installer. Mais les nouveaux habitants partent se réfugier le soir dans la vieille ville pour y dormir. Le quartier dépérit.

Bizarrement, c'est une épidémie de choléra qui sévit en 1867 qui lance finalement le quartier. Pour juguler l'épidémie, les autorités ottomanes décident de fermer la vieille ville tous les soirs. Faute de possibilité de se réfugier derrière les remparts, les habitants du nouveau quartier doivent se résoudre à y vivre.

Après la guerre d'indépendance entre 1948 et 1967, le quartier est délaissé. Proche de la ligne d'armistice, la fameuse ligne verte, il est à portée des snipers jordaniens, qui occupent la vieille ville jusqu'à la guerre des six jours 

Mais la renaissance du quartier date de 1973. Les bâtiments de Mishkenot sont convertis en maison d'hôte haut de gamme pour des artistes internationaux en visite en Israël, avant de devenir un centre des congrès et un centre de musique.

Le bâtiment principal est dominé par l'imposant Moulin de Montéfiore, 15 mètres de haut, construit à partir de 1855 et élevé au rang de symbole de Jérusalem, tant pour son allure, on le voit de loin, que pour son histoire.

Ce moulin était censé permettre aux juifs de préparer eux-même leur farine sans encourir l'hostilité des meuniers qui étaient arabes.

Sir Moses Montefiore, banquier anglais né en 1784, est issu d'une famille juive livournaise qui décide en 1824 de dédier son immense fortune à aider ses coreligionnaires installés en Terre Sainte, ce qu'il fit durant les 50 années suivantes (il est mort à 101 ans). Il entreprend à sept reprises le voyage vers Jérusalem et se fait le défenseur infatigable de la cause des Juifs dans le monde.

Montefiore a eu l'idée de construire le moulin à vent lors d'une visite à Jérusalem en 1855, dans l'intention de briser le monopole arabe sur les moulins à farine et de fournir du travail aux Juifs à l'extérieur des murs de la vieille ville.

"Les meuniers arabes ont tenté de saboter l'entreprise en payant quelqu'un pour jeter une malédiction sur elle. S.Y. Agnon parle de cette affaire dans son livre "Only Yesterday" : "Et les Arabes ont vu et ont été jaloux. Ils ont engagé un vieil homme pour maudire le moulin à vent. Il tourna les yeux vers le moulin et dit : "Je vous garantis que quand les pluies et les vents viendront, ils en feront une ruine éternelle, et les pluies et les vents sont venus et n'ont rien fait".

Malgré l'inefficacité de la malédiction, les chroniqueurs de Jérusalem considèrent que le moulin de Montefiore est un projet raté.

L'idée est donc belle est généreuse mais selon l'idée généralement avancée, ce moulin n'a jamais fonctionné faute de vent.  Des chercheurs estiment cependant que le moulin a fonctionné 18 ans au moins. Son arrêt ne résulterait pas d'un manque de vent mais d'un manque d'entretien et de pièces de rechange. La concurrence des moulins à eau a précipité son arrêt.

Le moulin est ensuite rénové en 1930 par les autorités britanniques.

Mais sa survie est de nouveau menacée en 1948. Le moulin est alors utilisé par les Juifs de la Hagana comme un poste de tir. Le haut commissaire britannique, qui s'en est rendu compte en sortant de l'église écossaise donne alors l'ordre de le faire sauter. Mais le sergent envoyé pour détruire le moulin comprend, en lisant une plaque apposée à l'intérieur du Moulin, que celui-ci est un don de Montefiore. Sortant lui-même d'une école Montéfiore à Ramsgate, fief des Montefiore, il refuse de détruire la construction, et s'arrange pour ne faire sauter qu'une partie de la structure qui le coiffe.

Le Moulin sauvé est réparé régulièrement depuis 1967, mais toujours avec des moyens de fortune. C'est seulement en 2010 qu'une entreprise de restauration réelle a eu lieu, à l'initiative de la fondation de Jérusalem, grâce à la contribution de chrétiens néerlandais. La structure est totalement refaite et quatre étages de bois sont construits à l'intérieur.  Les meules sont placées au deuxième étage.

En 2012, la restauration est achevée avec la mise en place du dôme (2,5 tonnes) et de deux pales identiques à ceux du moulin original voulu par Moshé Montéfiore.


Un peu plus bas sur la colline se trouve le quartier de Yemin Moshé, comme une extension de Mishkenot Sha'ananim

Ce quartier magnifique, totalement piéton, est situé idéalement en face des murailles, entre la porte de Jaffa et HaMoshava Germanit (la colonie Allemande). Entièrement construit à l'initiative de Montefiore dans les années 1890, en pierre de Jérusalem, il est constitué uniquement de maisons et très petits immeubles accessibles par des rue piétonnes elle-même pavées de pierre. Boudé par les habitants, du fait de son inaccessibilité aux voitures, il est idéal pour séjourner, entre la nouvelle et la vieille ville. C'est un quartier d'artistes et d'artisans qui trouvent ici le calme, la nature et la beauté favorable à leurs activités. La promenade est très agréable malgré le côté parfois escarpé et les nombreux escaliers.

 

* * *

Nichées dans l'ombre des murs de la Vieille Ville de Jérusalem parmi des parterres de fleurs soigneusement entretenus, les Michkenot Sha'ananim sont un complexe architectural datant de quelque 125 ans, restauré au cours des dernières décennies, et qui fait désormais partie intégrante de l'infrastructure culturelle et artistique de la ville.

Première construction hors-les-murs de la Vieille Ville, les Michkenot sont aussi le noyau à partir duquel ont essaimé, il y a plus de 130 ans, les premiers quartiers de la ville nouvelle. En 1860, une longue bâtisse s'étendait dans le paysage désolé qui cernait la Vieille Ville, sur les pentes arides faisant face au mont Sion, aux côtés d'un moulin à vent érigé trois ans plus tôt au-dessus de la vallée de la Géhenne. Avec sa façade crénelée rappelant quelque peu les murs d'enceinte de la ville, le bâtiment ressemblait à une forteresse, comme s'il avait pour vocation de défendre ses habitants, à l'instar des murailles de l'autre côté de la vallée. Un balcon courait tout du long, soutenu par des piliers métalliques et agrémenté d'arcatures de métal ouvragé qui s'intégraient harmonieusement aux fers forgés des portes et des fenêtres, et ajoutaient une touche de légèreté à ce bâtiment austère sans en altérer la simplicité.

Quelque 15 000 juifs, chrétiens et musulmans vivaient côte à côte dans l'enceinte de la Vieille Ville au milieu du XIXe siècle. Constamment menacés par des bandits, ils occupaient des logements minuscules et délabrés qui entouraient de petites cours intérieures. Dans le dédale des venelles s'amoncelaient des immondices, parfois des carcasses d'animaux morts de soif pendant les périodes fréquentes de sécheresse. La pauvreté et le dénuement étaient la règle, ce qui n'empêchait pas Jérusalem de demeurer la Ville sainte, le site du mont du Temple pour les juifs, du Saint-Sépulcre pour les chrétiens et du dôme du Rocher pour les musulmans.

Il n'était pas facile, ce lourd héritage spirituel aidant, de quitter les murs d'enceinte de la ville. D'autant qu'au-delà des murs, dont les portes étaient hermétiquement fermées au crépuscule pour s'ouvrir dès le lever du soleil, des bandes de maraudeurs bédouins, de voleurs de grand chemin et d'animaux sauvages menaçaient les habitants; sans parler du fait que ceux qui quittaient le périmètre de la Vieille Ville se coupaient d'emblée de toutes les institutions communautaires existantes: synagogues, écoles et boutiques.

Mais, une fois conçu et réalisé le projet d'"émigrer" hors-les-murs, les Michkenot allaient ouvrir la voie à la construction de nouveaux quartiers juifs. Ce qui n'empêcha pas cet édifice de rester dans l'isolement total pendant plus de trois décennies. D'autres quartiers neufs furent érigés à l'ouest et au nord-ouest de la ville et ce ne fut qu'en 1892 que celui de Yemin Moshé, jouxtant les Michkenot, fut créé.

Le célèbre philanthrope anglais, Sir Moses Montefiore, ainsi que les américains Judah Touro et Gershom Kursheedt furent les trois grands dirigeants juifs du XIXe siècle à poser les fondations de la Jérusalem moderne. Descendant d'une famille sefarade d'origine italienne, Montefiore se rendit pour la première fois à Jérusalem en 1827. Trois ans plus tôt, retiré de ses affaires prospères, il avait pris la décision de consacrer ses immenses ressources à aider ses coreligionnaires démunis, de Terre sainte et d'ailleurs. Dès lors, pendant les cinquante années suivantes, jusqu'à sa mort à l'âge de 101 ans en 1885, il se fit le défenseur de la cause des juifs partout dans le monde. Il lutta contre la discrimination dans son propre pays, intervint auprès du sultan ottoman suite à la tristement célèbre affaire de Damas en 1849, rencontra deux tsars de Russie dans le but d'alléger la condition des juifs de ce pays, s'entretint avec le sultan du Maroc sur celle des juifs du Maghreb et même avec le Shah de Perse, mettant systématiquement sa philanthropie au service de tous ses coreligionnaires. Ses dons allèrent à des particuliers comme à des communautés entières, à des synagogues et à des institutions caritatives juives et chrétiennes à l'occasion.

Malgré les dangers des grandes traversées en bateau et des routes de Palestine à l'époque (notons qu'avant le pavement de la route reliant Jaffa à Jérusalem en 1869 il fallait seize heures pour arriver à la Ville sainte), Montefiore fit six pèlerinages en Eretz-Israël au cours de son existence. La condition pitoyable des juifs nécessiteux de Terre sainte était la cause pour laquelle il témoignait d'une grande générosité. Il répondait favorablement à toute requête dès lors qu'elle était suscitée par la famine, les séismes, les pillages et les épidémies, mais aussi quand elle exprimait l'état de pénurie d'individus ou de collectivités. Il n'était d'ailleurs pas le seul à se sentir profondément concerné par le sort des habitants du Yichouv (communauté juive de Palestine avant la création de l'Etat d'Israël en 1948). Les représentants de la jeune communauté juive américaine qui, par ailleurs, connaissaient les affres de leur propre intégration économique et culturelle, ne faillirent pas dans leur soutien à leurs coreligionnaires d'Eretz-Israël.

Afin d'éviter de multiplier les expéditions onéreuses et périlleuses en Terre sainte, la communauté juive de New York décida en 1834, sur l'initiative d'Israël Bar Kursheedt - dirigeant communautaire juif et président de la commission judéo-américaine chargée de l'affaire de Damas - de créer une fondation spéciale, la Hevrat trumat hakodesh centralisant les collectes et le transfert de fonds à l'étranger.

Le fils d'Israël Kursheedt, Gershom, quitta en 1817, à l'âge de vingt ans, sa ville natale de Richmond (Virginie) pour s'installer à la Nouvelle-Orléans où il fit fortune. Ses activités publiques et philanthropiques étaient innombrables. Franc-maçon, il était également membre du conseil municipal de sa ville et de l'Académie des Sciences locale et était très actif au sein du parti Whig. Au cours d'une épidémie de fièvre jaune qui sévit dans le sud des Etats-Unis, il joua un rôle éminent dans les opérations de sauvetage. Mais c'est sur le plan communautaire que sa contribution fut le plus remarquable. Il créa de nombreuses institutions juives séculières et religieuses à la Nouvelle-Orléans et fut le conseiller pour les questions juives du richissime homme d'affaires de sa ville, Judah Touro.

Fils d'un chantre, Touro était pour sa part natif de Newport (Rhode Island) et avait quitté la Nouvelle-Orléans pour s'installer à Boston. Il fit fortune dans les transports maritimes et dans l'immobilier. En 1812, il se porta volontaire dans les rangs de l'armée d'Andrew Jackson et fut grièvement blessé dans la bataille de la Nouvelle-Orléans. A la différence des nantis de son époque, il menait une existence modeste. Farouchement opposé à l'esclavage, il oeuvra pour la libération de nombreux esclaves qu'il aida à devenir économiquement indépendants. Philanthrope de renom, il apporta de généreuses contributions à de nombreuses causes à Boston et à la Nouvelle-Orléans, notamment 10 000 dollars au Bunker Hill Monument de Boston, 40 000 dollars à l'hôpital Touro qu'il fonda à la Nouvelle-Orléans et plusieurs milliers de dollars à diverses Eglises chrétiennes. En revanche, sa contribution à la première communauté juive de la Nouvelle-Orléans fut nettement plus modeste pendant la plus grande partie de sa vie. Ce n'est que neuf ans avant sa mort, en 1854, qu'il s'y intéressa de plus près et qu'il finança la construction, sous la direction de Gershom Kursheedt, d'une nouvelle synagogue dont il suivit régulièrement les offices jusqu'à sa mort.

C'est également sur l'initiative de Kursheedt qu'il rédigea son testament, aux termes duquel il léguait plus de 250 000 dollars, somme fabuleuse pour l'époque, à diverses institutions juives en Amérique et en Terre sainte. (Notons au passage que 153 000 dollars supplémentaires furent légués par Touro à des causes non juives). Touro légua également quelque 410 000 dollars à la North American Relief Society for the Indigent Jews of Jerusalem (Société nord-américaine de secours pour les juifs indigents de Jérusalem) et fit de Sir Moses Montefiore son exécuteur testamentaire pour cette somme. Le passage où est mentionné ce legs est révélateur:

"Mon voeu le plus cher est de coopérer avec ledit Sir Moses Montefiore de Londres (Grande-Bretagne) dans son oeuvre d'amélioration de la situation de nos frères nécessiteux de Terre sainte et de leur assurer le privilège inestimable de servir le Tout- Puissant conformément à notre religion, et de les défendre contre toute exaction. En conséquence, je lègue la somme de cinquante mille dollars à verser par mes exécuteurs pour ledit objet, par l'entremise de Sir Moses Montefiore qui mettra son jugement éclairé au service de cette cause..."

 Kursheedt participa personnellement à la mise au point de la liste des bénéficiaires et nomma Touro curateur de ses biens. Cette nomination lui fournit l'occasion historique d'être le premier juif américain à jouer un rôle substantiel dans le renforcement du yichouv de Palestine.

L'état de détresse dans lequel se trouvait le yichouv pendant la guerre de Crimée (1854-1856) fut intensifié par l'interdiction du tsar Nicolas Ier d'envoyer des dons charitables en Terre sainte. Montefiore réagit en conjurant la communauté juive américaine de doubler ses dons. C'est dans ce contexte qu'il accepta la responsabilité du legs Touro. En 1855 puis en 1857, Kursheedt accompagna Montefiore en Terre sainte pour décider de la destination des fonds légués par Touro.

Sir Moses, sa femme Judith, Kursheedt et d'autres quittèrent l'Angleterre le 2 avril 1855. Ils passèrent par Paris, Vienne, Trieste et Constantinople. Dans la capitale de l'Empire ottoman, Montefiore fut décoré par le sultan de l'ordre de la Medjidjeh. Mais surtout, avec l'aide de l'ambassadeur américain auprès de la Sublime Porte, il parvint à obtenir un firman l'autorisant à acquérir des terrains en Terre sainte. Quand le cortège des illustres visiteurs s'approcha de Jérusalem, le 18 juillet, de nombreux habitants de la ville leur souhaitèrent la bienvenue à Abu Gosh - village qui était à l'époque à trois heures de marche de l'enceinte de la Vieille Ville - et suivirent le cortège jusqu'à la Ville sainte.

Après mûre réflexion, Sir Moses et Kursheedt décidèrent que la meilleure façon de faire usage de la somme léguée par Touro était de construire un hôpital juif à Jérusalem. Montefiore se mit en quête d'un terrain dans l'enceinte de la ville, mais celui qu'il trouva étant situé à proximité d'un abattoir, il décida d'en chercher un autre, de crainte de maladies infectieuses.

Il s'adressa alors à Ahmed Aga Dizdar, gouverneur de Jérusalem, qui possédait un terrain hors-les-murs face au mont Sion. Selon la légende, Dizdar fit à Montefiore la déclaration suivante:

"Vous êtes mon ami, mon frère, la prunelle de mes yeux. Prenez possession de ce terrain sans tarder. Cette terre est un bijou dont j'ai hérité de mes ancêtres. Je ne la vendrai à aucun prix à personne même pour une fortune, je vous l'offre. Elle est à vous, vous pouvez dès à présent vous en considérer comme le propriétaire. Nous sommes, ma femme, mes enfants et moi, à votre entière disposition."

 

Ce n'est qu'après ces bonnes paroles que le marchandage débuta... et dura une journée entière pour finir par l'annonce suivante de Dizdar à Léopold Loewe, membre de l'entourage de Montefiore: "Dites à Sir Moses de me laisser un petit souvenir de mille livres sterling et nous nous rendrons directement chez le cadi." Le document homologuant la vente fut signé le 12 août 1855. Il prévoit:

"Par la grâce de la Sublime Porte et du trône impérial - puisse le Créateur les protéger -, et conformément aux lettres sur ce sujet remises par le Grand Vizir à Sir Moses Montefiore, fierté du peuple de Moïse, homme de sagesse, fils de Joseph Eliahou etc., Sir Moses a acheté un terrain afin d'y ériger un hôpital pour les juifs démunis résidant à Jérusalem et d'en disposer comme bon lui semble."

 
Quelques jours plus tard, le 15 août, les habitants de Jérusalem se joignirent à Montefiore, à Kursheedt et aux autres membres de la communauté juive locale pour poser la première pierre du bâtiment. Sir Moses plaça une copie du contrat d'achat sous la pierre de fondation; Kursheedt y adjoignit une bague ayant appartenu à Touro. Les personnes présentes dressèrent des tentes sur le site et Sir Moses fit construire une barrière pour marquer le pourtour du terrain auquel il donna le nom de "vignoble de Moses et Judith". Il donna également l'ordre de construire deux bâtiments sur le terrain, qui seraient réservés à son usage personnel lors de ses séjours à Jérusalem, et stipula que les maçons seraient exclusivement juifs.

En rentrant chez lui, Montefiore décida non seulement d'assurer la subsistance des futurs résidents de sa parcelle hors-les-murs, mais aussi d'aider les pauvres en diminuant le prix de la farine. C'est pourquoi il envoya un spécialiste anglais en minoterie, originaire de Canterbury, qui apporta sur place l'équipement nécessaire à la construction d'un moulin à vent. Celui-ci fut érigé en bonne et due forme mais s'effondra peu après et, de toute façon, l'invention des moulins à vapeur le rendit obsolète. Il finit par être désaffecté et devint ce qu'il est encore de nos jours: un des jalons du paysage hiérosolymitain.

En 1857, Sir Moses et Kursheedt firent de nouveau le voyage de Jérusalem. Constatant que leur projet de construction d'un hôpital avait été anticipé par celui des Rothschild, qui suffisait à satisfaire les besoins des habitants juifs de la ville, ils se décidèrent pour un hospice. De retour en Angleterre, Sir Moses chargea un architecte, W.R. Smith, de la conception du bâtiment. La longue structure fut érigée en pierre de Jérusalem provenant des carrières d'Arabes chrétiens de Bethléem. Les tuiles rouges de la toiture - que les autochtones dénommèrent le "Tarbouche" - furent importées de Marseille. Les arcatures et les grillages en fer forgé furent commandés dans la ville de Montefiore, Ramsgate, et c'est pourquoi on y distingue jusqu'à présent la mention: "G.S. Culver, East Kent Metalworks, Ramsgate, England."

Le coût total de la construction s'éleva à 6 000 livres sterling, somme considérable pour l'époque. Selon l'avis des autochtones, cette somme était de cinquante fois supérieure à celle qu'elle aurait dû être car l'architecte avait conçu le bâtiment sans prendre en considération les paramètres topographiques du terrain, de sorte que le lit rocheux dut être taillé pour permettre la construction sur les versants escarpés de la colline, et qu'il fallut creuser un puits pour les résidents.

Les problèmes de nature architecturale n'étaient pas les seuls que rencontrèrent les terrassiers. Les propriétaires arabes de Vieille Ville, grossis de groupements fanatiques musulmans, s'opposaient à la création de nouveaux quartiers hors-les-murs. Ils parvinrent à suspendre les travaux en invoquant une loi turque prohibant la construction à proximité des murs pour des raisons militaires. Sir Moses dut se tourner vers le sultan pour obtenir un permis supplémentaire qu'il finit par obtenir en 1859. L'année suivante Kursheedt se rendit pour la troisième fois en Terre sainte, seul cette fois, pour inspecter les derniers stades de la construction et les modalités d'attribution des logements des Michkenot.

Malgré tous ces aléas, le bâtiment fut achevé. Il était divisé en seize appartements de deux pièces et cuisine. Il comprenait également deux synagogues, une achkenaze et une sefarade, un mikve (bain rituel), un puits avec une petite pompe de métal importée d'Angleterre - merveille de la technologie de l'époque qui attirait d'innombrables curieux - un jardinet par famille et le fameux moulin. Le bâtiment fut inauguré en 1861 en présence du rabbin Joseph Nissim Burla, président du tribunal rabbinique, qui prononça un sermon où il rendit un vibrant hommage à Montefiore et à Kursheedt.

Cinq ans plus tard, au cours de sa sixième visite en Eretz-Israël, Montefiore, après avoir consulté les dirigeants de la communauté juive, décida d'ajouter une autre bâtisse comportant quatre appartements supplémentaires. La première pierre fut posée au cours d'une cérémonie en présence de Montefiore mais il fallut attendre trois ans pour que le rabbin Isaac Rosenthal fût chargé d'en superviser la construction. Le nouveau bâtiment fut achevé en un an, mais il fallut attendre sept ans encore, au moment de la septième et dernière visite de Montefiore en Terre sainte en 1875, pour qu'il fût occupé par ses habitants.

Au centre du bâtiment, au-dessus de la façade de pierre, fut gravée l'inscription suivante: "Les Michkenot Sha'ananim ont été érigées grâce au legs généreux que Judah Touro - puisse son âme reposer au jardin d'Eden - a effectué dans la sainte communauté de la Nouvelle-Orléans, que Dieu la protège, et par Sir Moses Montefiore, l'année 5620 de la Création." Aux termes de la charte de fondation des Michkenot, ses habitants s'engagaient à prononcer des prières quotidiennes, ainsi que le jour anniversaire de sa mort, pour le repos de l'âme de Judah Touro. Malgré l'inscription et la charte, les Michkenot furent souvent appelées Kerem Moshe (le vignoble de Moïse). Nombreux étaient les juifs américains qui n'appréciaient guère le fait que Montefiore fut le seul à être crédité de la création du nouveau quartier hors-les-murs, occultant ainsi le rôle essentiel joué par Touro et par Kursheedt. Qui plus est, les philanthropes d'Angleterre et d'Amérique, qui se considéraient comme responsables du projet, furent déçus par les habitants qui ne parvinrent pas à devenir économiquement autonomes dans les temps prévus ni à se forger un nouveau mode de vie à l'extérieur de l'enceinte de la Vieille Ville.

Le nom de Michkenot Sha'ananim (les "retraites tranquilles") est emprunté au verset XXXII, 18 du livre d'Isaïe: "Mon peuple habitera dans un séjour de paix, dans des demeures bien protégées et dans des retraites tranquilles." Mais cette prophétie mit fort longtemps à se réaliser. Les difficultés à convaincre les habitants juifs de la Vieille Ville de s'installer hors de l'enceinte sécurisante des murs ont déjà été évoquées. Elles furent surmontées dans une certaine mesure par les allocations spéciales versées par Montefiore aux familles désireuses d'aller vivre dans les Michkenot. Mais une grande partie d'entre elles se contentaient d'y passer la journée et rentraient dormir en Vieille Ville dès la nuit tombée, de crainte des agressions arabes. D'ailleurs, pendant les premières années, un habitant des Michkenot fut assassiné sur le chemin de la Vieille Ville, un autre tandis qu'il s'employait à faire fuir des voleurs. Mais bien vite un autre problème, pendant de ce dernier, fit son apparition.

Souhaitant remédier à la pauvreté endémique des habitants de Jérusalem, Montefiore entendait que tous les habitants juifs de la ville, et pas seulement quelques familles isolées, bénéficient des conditions de vie plus confortables des Michkenot. C'est la raison pour laquelle il posa explicitement comme condition que la résidence dans ces nouveaux logements soit limitée dans le temps. Mais là il se heurta à un autre problème: les premiers résidents refusèrent de quitter les lieux et Montefiore, impressionné par leur esprit pionnier, se refusait pour sa part à les évincer. Ses héritiers envisagèrent bien de leur imposer le paiement d'un loyer pour éviter la squatterisation systématique des lieux, mais sans succès et en 1948 encore, nombreux étaient les résidents des Michkenot qui étaient des descendants des habitants originels des lieux.

L'isolement des Michkenot était également problématique. Le soir les portes de la Vieille Ville étaient hermétiquement fermées, à l'instar d'ailleurs de celles des Michkenot. Ce n'est qu'en 1875, quinze ans après leur fondation, qu'une petite ouverture fut aménagée dans les murs pour permettre le transport des malades à l'hôpital de Vieille Ville. Et seulement en 1898 que les portes de la ville furent laissées ouvertes jour et nuit.

Si cet isolement était périlleux pour les habitants des Michkenot, il ne contribua pas moins à forger un remarquable esprit de solidarité entre eux et à créer un quartier homogène.

Au cours de la Première Guerre mondiale, l'assistance économique dont dépendaient la plupart des familles juives de l'époque - la haluka, allocations charitables en provenance de l'étranger - fut interrompue. La famine et les épidémies reprirent de plus belle à Jérusalem comme dans le reste du pays. Vaincu sur la scène internationale, l'Empire ottoman multiplia les exactions contre les juifs de Terre sainte: des milliers d'entre eux furent chassés ou s'enfuirent; d'autres durent payer des rançons pour éviter d'être engagés de force dans l'armée turque; la typhoïde fit également des ravages au sein de la communauté juive de la ville. Les autorités turques multiplièrent les confiscations de propriété et de nourriture et, pour compléter ce sinistre tableau, une invasion de sauterelles vint détruire le peu de récolte du pays. Pendant la bataille de Jérusalem en 1917, nombreux furent les habitants des Michkenot qui cherchèrent refuge en Vieille Ville, et bien leur en prit, car les Britanniques évitèrent systématiquement de bombarder les Lieux saints. Du reste, dans leur grande majorité, les habitants du Yichouv accueillirent les Britanniques comme des sauveurs.

La déclaration Balfour, promulguée le 2 novembre 1917, puis le mandat britannique sur la Palestine redonnèrent aux juifs l'espoir de reconstruire leur patrie dans la paix. Mais cet espoir fut de courte durée. Deux ans à peine après la fin de la guerre, manipulés par Hadj Amin al-Husseini, le futur Grand Mufti de Jérusalem, les foules arabes attaquèrent les juifs de la ville - les émeutes d'avril 1920 furent un prélude aux événements ultérieurs.

En réponse à ces assauts, Zeev Jabotinsky, alors commandant de la Hagana, l'organisation clandestine juive de défense, mit au point les modalités de défense des habitants de la Vieille Ville et des nouveaux quartiers de la ville. Il fut vite arrêté par les autorités britanniques et expulsé hors de Palestine. Mais son entreprise porta ses fruits et servit à décourager le assaillant éventuels, et à conforter les sentiments de sécurité des résidents des quartiers exposés. C'est la raison pour laquelle la population de Jérusalem échappa au sort des juifs de Hébron et de Safed dont 133 furent massacrés par des Arabes et 339 blessés au cours des émeutes d'août 1929. Non que les quartiers périphériques de Jérusalem n'étaient plus attaqués par des bandes arabes armées, mais ils furent à chaque reprise sauvés par une poignée de combattants de la Hagana qui, armés de rares fusils et de quelques grenades, risquaient leur vie pour défendre leurs coreligionnaires.

Mais rien ne se faisait sans la participation active des habitants de ces quartiers juifs exposés aux assauts arabes, qui tenaient à effectuer leur tour de garde, à fournir des vivres à la Hagana et à cacher les armes des combattants clandestins au péril de leur vie, puisque les Anglais effectuaient des fouilles systématiques après chaque échange de coups de feu. Les Anglais finirent par ordonner l'évacuation des Michkenot Sha'ananim et de Yemin Moshé dès l'éruption des combats le 29 novembre 1947, suite au vote sur la partition de la Palestine aux Nations Unies.

Du point de vue arabe, ces deux quartiers juifs hors-les-murs occupaient des positions stratégiques puisque d'une part ils dominaient la route de Hébron et que, d'autre part, leur proximité de la Vieille Ville leur permettait de servir de lien entre l'extérieur et les habitants assiégés de Vieille Ville. Mais les habitants de ces quartiers juifs n'étaient pas moins dangereusement isolés, d'autant que situés à un kilomètre environ des concentrations juives les plus proches (au nord et au nord-ouest), Michkenot et Yemin Moshé en étaient séparés en fait par des "zones de sécurité" britanniques. Au sud s'étendait tout un cordon de villages arabes, à l'est les juifs étaient exposés aux tireurs d'élite postés sur les murs d'enceinte.

Les forces arabes attaquèrent à plusieurs reprises pendant les premiers mois de l'année 1948 mais furent repoussées à chaque tentative. D'une offensive à l'autre, les résidents étaient la cible de tireurs d'élite arabes et de bombardements sporadiques (qu'ils appelaient "concerts") en provenance du mont Sion. De plus, ils pâtissaient de la pénurie constante d'eau et de vivres. Mais, malgré tout, ce fut des Michkenot que les soldats de la Hagana partirent pour renforcer les rangs des unités juives postées sur le mont Sion et tenter avec elles de libérer le quartier juif assiégé de la Vieille Ville. Le mont Sion resta aux mains des juifs, mais la Vieille Ville se rendit à la Légion arabe le 29 mai 1948. Il fallut attendre le départ des forces mandataires pour que les communications entre Michkenot Sha'ananim, Yemin Moshé et le reste de la ville fussent restaurées.

A la fin de la guerre d'Indépendance, Jérusalem était une ville divisée. Les habitants du nouvel Etat d'Israël étaient coupés de la Vieille Ville et des Lieux saints. Les Michkenot se trouvaient juste à la frontière entre Israël et la Jordanie, à portée de fusil des positions jordaniennes sur les murs, à la lisière de la zone démilitarisée. Pendant 19 ans, le bâtiment se trouva à la merci des tireurs d'élite de la Légion arabe. Ses habitants quittèrent les lieux dévastés par les combats. Ce n'est qu'au cours des années cinquante que les Michkenot se repeuplèrent, d'immigrants - essentiellement des familles nombreuses originaires de Turquie - ainsi que de quelques-unes des familles expulsées de la Vieille Ville.

La construction robuste de la bâtisse, ses murs épais et ses portes donnaient aux habitants un sentiment de sécurité, malgré les tirs arabes constants et parfois meurtriers. Mais la superficie réduite des logements contraignit les habitants à ajouter des installations de bric et de broc qui ne firent que détériorer l'apparence du quartier. En un mot, les Michkenot étaient quasiment devenues un bidonville.

Conscients du caractère historique unique du site, des Hiérosolymitains et des amis de la ville en Israël et à l'étranger décidèrent de procéder à la restauration du bâtiment et de lui donner une affectation d'utilité publique. En 1966, peu après l'élection de Teddy Kollek à la mairie de Jérusalem, deux responsables furent nommés par la Fondation de Jérusalem, Ehud Netzer et Tuvia Ketz, pour redonner vie au quartier. Le plan originel envisageait la transformation des Michkenot, érigées 106 ans plus tôt, en un centre d'arts appliqués comportant studios et ateliers où artistes et artisans locaux pourraient réaliser leurs oeuvres.

Vers la même époque, le quartier voisin de Yemin Moshé fut déclaré zone d'urbanisation. Des plans furent dressés pour le restaurer et lui rendre son charme originel. Quand, en juin 1967, la ville fut enfin réunifiée et que les franc-tireurs postés sur les murailles de la Vieille Ville disparurent, la zone démilitarisée et les plâtras qui s'étendaient entre les Michkenot et les murs furent transformés en parcs et en jardins. Un centre d'art et d'artisanat ayant entre-temps été créé dans l'allée voisine des Houtsot hayotser, les responsables envisagèrent une autre affectation pour les Michkenot. La Fondation de Jérusalem proposa la transformation du site en une structure d'accueil pour créateurs du monde entier. Situé face au mont Sion et à la Vieille Ville, c'était l'endroit rêvé pour inspirer de grands écrivains, des artistes et des chercheurs d'Israël et de l'étranger désireux de travailler dans la capitale et de prendre part un temps à sa vie culturelle.

Les architectes Gavriel Kertesz et Saadia Mandel se joignirent à Ehud Netzer pour concevoir le nouveau complexe. Préservant la façade originelle et le caractère du bâtiment, ils transformèrent les seize logements en neuf appartements confortables, ajoutèrent des locaux à l'arrière du bâtiment pour les cuisines et les salles d'eau, et un bâtiment moderne servant de hall d'entrée et de réception.

Le 13 août 1973, 118 ans presque jour pour jour après que Montefiore eut signé le document d'achat du terrain sur lequel il érigea les Michkenot, ce fut l'inauguration de la maison d'hôtes des Michkenot. Depuis deux décennies, les hôtes qui se sont suivis sur les lieux sont tous des personnalités éminentes du monde des arts et de la littérature. Certains ont profité de leur séjour pour écrire ou créer, d'autres n'ont fait que jouir de la paix et de la sérénité de l'endroit.

Depuis 1993, un agréable restaurant sert de lieu de rencontre aux hôtes israéliens et étrangers des Michkenot. Le livre d'or des Michkenot est révélateur du plaisir ressenti par ses hôtes: truffé de poèmes et d'inscriptions plus élogieuses les unes que les autres, on y remarque, entre autres, celle, succincte mais explicite de Umberto Eco: Et in Arcadio Eco.

Centre culturel, les Michkenot évoluent en fonction des invités de passage qui s'y rencontrent, échangent leurs impressions et leurs expériences avec leurs confrères israéliens à travers des conférences, des ateliers, des rencontres informelles et des colloques parrainés par les Michkenot et par d'autres instances. La vocation pluridisciplinaire des Michkenot s'en trouve étayée.

La plus grande contribution culturelle des lieux est dans le domaine littéraire: depuis 1990, en effet, s'y déroule un festival international de poésie d'une semaine. Le quatrième du genre est prévu pour 1997. Le succès de ces festivals, ainsi que les publications qui y sont associées ont assuré un succès considérable aux Michkenot Sha'ananim sur la carte culturelle mondiale. Les séries de conférences et les lectures de prose et de poésie entrent régulièrement dans ses programmes d'activités littéraires.

Autres activités: des ateliers pour jeunes poètes, des colloques et des rencontres bilatérales entre écrivains israéliens et étrangers ainsi que des projets d'encouragement de la littérature hébraïque. Saul Bellow, Philip Roth, Mordechai Richler et John Le Carré comptent au nombre des auteurs qui ont écrit au cours de leur séjour aux Michkenot. C'est également le cas d'auteurs israéliens célèbres comme David Grossman et Méir Shalev.

Artistes et musiciens trouvent aussi leur place aux Michkenot où ils disposent de deux studios, d'un piano à queue dans la bibliothèque qui sert aux répétitions et aux concerts. Ces derniers, à l'instar des expositions, se déroulent soit au centre de musique adjacent, le Fisher Hall, soit à Yemin Moshé.

Des chercheurs de renom sont également venus aux Michkenot où ils ont rencontré leurs homologues d'Israël et de l'étranger. L'équipe directrice entretient des relations suivies avec des chercheurs de tous les horizons, prennent l'initiative de congrès, de symposiums et de conférences. Les Michkenot possèdent également une petite bibliothèque comprenant en partie des ouvrages acquis auxquels viennent s'ajouter les dons de ses hôtes: sa collection de recueils de poésie est particulièrement riche. Ses archives photographiques et ses recueils de correspondance entre certaines grandes personnalités des deux dernières décennies sont fréquemment consultés par des journalistes et des chercheurs.

Michkenot Sha'ananim est partenaire du Words and Images Jerusalem Literature Project, série d'entretiens sur vidéo-cassettes avec de grands écrivains juifs contemporains, dont Aharon Appelfeld, Gyorgy Konrad et Moacyr Scliar. Tirant avantage de leur isolement et de la sérénité de leur emplacement, les Michkenot ont été le lieu de rencontre de nombreux Israéliens et Palestiniens réunis pour débattre de thèmes politiques. Plus récemment, les Michkenot ont multiplié leur implication dans les affaires régionales et ont établi, avec l'institut Van Leer, le Forum israélien pour la culture méditerranéenne dont l'objectif est d'investiguer, en compagnie de spécialistes de pays voisins, le concept de culture méditerranéenne en comparant les images, les symboles et les mythes des sociétés du pourtour méditerranéen et en recherchant ce qui les rapproche.

L'évolution du climat politique et des pourparlers de paix au Proche-Orient rendent à ce lieu privilégié de la culture à Jérusalem sa vocation première: "la retraite tranquille" de la prophétie d'Isaïe sera peut-être réalisée de notre temps. Les Michkenot Sha'ananim y auront indéniablement contribué.

Hier hospice, aujourd'hui centre culturel, La première construction hors-les-murs de Jérusalem par Julian Landau

Article publié dans ARIEL - Revue israélienne des arts et des lettres - 102, avril 2003

 

 

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