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 Outre la porte des Lions, (porte  Saint-Etienne) ll existe une seconde porte dans la muraille orientale : la monumentale double porte dorée, la plus ancienne, située un peu plus au sud, en face du mont des Oliviers.

La porte, appelée par les musulmans « porte de la vie éternelle », est murée. Si on pouvait la franchir, elle donnerait directement accès à l'esplanade du Temple (ou des Mosquées), la grande terrasse où était situé le temple construit par Hérode. Mais elle est murée, et selon la légende elle ne se rouvrira qu'à la fin des temps.

La porte représente une structure rectangulaire en pierre avec deux façades décorées. Contrairement aux autres portes, la façade orientale n'a pas été construite comme une partie du mur de l'esplanade, mais a été décalée de 2,00 mètres par rapport au mur. La double porte est suivie d'un double passage couvert par trois paires de coupoles.

 

 

La porte actuelle date vraisemblablement de l'époque omeyyade (VIIe s.) et elle a été érigée au-dessus d'une autre porte encore plus ancienne découverte récemment. Cette porte ancienne n'a pas encore fait l'objet de fouilles archéologiques en raison de sa proximité avec le cimetière musulman, mais ce serait celle-là qu'auraient empruntée Jésus et ses disciples lors de l'« entrée des Rameaux » s'ils sont passés par le mont des Oliviers comme le rapportent les évangiles (Mc 11,1-11 et par.).

La porte dorée, donne directement sur l'esplanade. Selon une tradition, Soliman le Magnifique l'aurait fait fermer en 1541 pour faire barrage à l'éventuelle arrivée du Messie, qui, dans la tradition juive, est prévue par cette porte. Un cimetière musulman a ensuite été établi le long du mur, car le Messie étant un Cohen, il ne pourra pas, toujours selon la tradition juive traverser un cimetière. Plus probablement, les sépultures étant traditionnellement situées hors la ville, les tombes ont été installées au plus près des murailles et du Haram, l'esplanade des mosquées.

En fait la porte a été fermée par les musulmans en 810, puis rouverte par les Croisés en 1102. Saladin victorieux en 1187 la ferme à nouveau, et quand le sultan Ottoman Suleiman le Magnifique construit les remparts autour de la ville en 1541, il fortifie la porte et la maintient fermée.

« La porte fut murée au 8e siècle pour éviter que les infidèles n’accèdent à l’esplanade. À l’époque des Croisés on libérait l’entrée deux fois par année, soit le dimanche des Rameaux et à la fête de l’exaltation de la Croix [14 septembre ]. C’est sans doute de cette tradition que vient l’idée que Jésus pénétra dans la ville par cette porte le dimanche des Rameaux. Pourtant, des notes de l’époque byzantine proposent plutôt que Jésus entra à Jérusalem par la porte Saint-Étienne (porte des Lions). Les témoignages se contredisent et il est difficile, faute de pouvoir mener des fouilles plus systématiques, de trancher la question. On sait que l’empereur Héraclius ramena la vraie Croix à Jérusalem après que celle-ci fut emportée par les Perses à Hiéropolis en 614. Certains prétendent qu’il serait entré avec la Croix par la Belle porte, d’autres suggèrent, ici aussi, que c’est par la porte Saint-Étienne qu’il fit cette entrée. Re-mystère.

Après la chute des Croisés, la porte demeura définitivement murée. Diverses traditions commencèrent alors à prendre forme, dont celle voulant que le Messie franchisse cette porte le jour de son avènement. Pour éviter que ceci se produise, les musulmans ont installé leur cimetière devant la porte, bloquant l’accès à cet éventuel Messie attendu des Juifs. C’est donc pour cette raison qu’il y a ce cimetière musulman tout le long de la muraille Est, côté Cédron »1

Cette porte est appelée porte de Shushan ( Suse,  capitale de la Perse) dans la Mishna (Massekhet Middot 1:3) , la partie du Talmud issue d'une retranscription de la loi orale. La Mishna, compilée par Rabbi Juda Hannassi date du IIIe siècle de notre ère. L'appellation provient du fait que la porte était décorée, toujours selon la Mishna, d'une gravure représentant la ville de Suse. La gravure rappellerait que le temple n'existe que parce que le roi perse Cyrus qui a autorisé sa reconstruction (-538) et le retour des Juifs à Jérusalem. C'est à la fois un moyen de s'en rappeler et de louer Cyrus d'avoir permis ce retour. Un moyen de transmettre l'histoire aux générations suivantes.Il ne reste pas de trace archéologique de cette gravure. «Quiconque parmi vous est de tout son peuple — que son Dieu soit avec lui. Qu’il monte donc à Jérusalem, qui est en Juda, et qu’il rebâtisse la maison de Jéhovah le Dieu d’Israël — c’est le [vrai] Dieu (…) » (Esdras 1 :3 :)

 

Un tableau de Giotto représente la porte dorée, lieu supposé de la rencontre d’Anne et Joaquim, les parents de Marie.

1 Robert David, professeur honoraire à la faculté de théologie et de sciences des religions, Montréal

 

 

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