" La prise de position de Raymond Aron à la suite de la célèbre conférence de presse du général De Gaulle est connue et a été régulièrement commentée. On abordera ici un aspect différent, le Raymond Aron analyste à chaud des conjonctures du conflit israélo-arabe dans ses célèbres articles du Figaro, les articles de 1967 formant une part importante de De Gaulle, Israël et les Juifs parus au début de 1968.


Le sujet n’est pratiquement pas évoqué durant l’année 1966 sauf dans un article de portée générale sur l’équilibre des forces 1. Il fait allusion à la course aux armements et au risque d’introduction d’armements nucléaires et donne une définition des enjeux : « Le conflit, qui durera aussi longtemps que l’État d’Israël ne sera pas reconnu par ses voisins, est provisoirement latent. […] Malgré tout le risque n’a pas disparu. Même militairement supérieur, Israël ne peut pas résoudre par la force le problème de son existence. En revanche, le jour où ses voisins lui seraient supérieurs, ceux-ci auraient peut-être l’occasion de créer un fait accompli. Le système international, c’est-à-dire les grandes puissances ne laisseraient pas se poursuivre longtemps les hostilités. Encore faudrait-il que l’objet même de la lutte n’eût pas été supprimé avant l’intervention extérieure. »

 

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Il définit l’équilibre des forces comme un équilibre de la terreur. Les frontières d’Israël ne sont pas défendables. Dans la situation actuelle de non-guerre, elles sont défendues contre les infiltrations par la menace de représailles. Peut-être un jour, l’armement nucléaire ajoutera un facteur de dissuasion supplémentaire. Le risque actuel est dans la prolifération des armements balistiques.

Il définit ainsi les risques de la situation :
« L’équilibre de la terreur serait au Proche-Orient plus instable que partout ailleurs, parce que l’avantage de frapper le premier y serait plus grand, parce que l’enjeu est le sol lui-même. Les passions déchaînées étoufferaient peut-être la voie de la raison. Il n’est pas exclu d’espérer qu’à long terme la prolifération des armes nucléaires s’accompagne
de la diffusion de la sagesse. En cette terre chargée d’Histoire, sacrée pour trois grandes religions qui se réclament du même Livre, cet espoir demeure aujourd’hui encore fragile. »

 

Dans ses articles du début de 1966 consacrés à la non-prolifération nucléaire, il ne mentionne pas le Proche-Orient.
Il faut attendre la crise de mai 1967 pour qu’il revienne au sujet. C’est ensuite le sujet de tous ses articles de politique internationale du 23 mai au 31 août 1967.

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RAYMOND ARON ANALYSTE DU CONFLIT ISRAÉLO-ARABE

Henry Laurens

La contemporaine

« Matériaux pour l’histoire de notre temps »

2009/4 N° 96 | pages 22 à 27

ISSN 0769-3206

Article disponible en ligne à l'adresse :

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https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notre-temps-2009-4-page-22.htm

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