Vers 100 après J.-C. : Le royaume de Dvipantara (Jawa Dwipa) s’étendant sur Java et Sumatra est mentionné dans des récits indiens. Introduction à Java d’un système d’écriture issu de l’Inde du Sud. Des rois hindous règnent dans les environs de Kutaï (Kalimantan, partie indonésienne de Bornéo).

 

Autour de 400 : première civilisation de Java et de Sumatral.

 

Autour de 425 : Le bouddhisme atteint Sumatra. Des commerçants perses et arabes connaissent dès cette époque l’archipel.

 

Autour de 500 : Débuts du royaume de Srivijaya, dans la région de Palembang à Sumatra.

 

Autour de 600 : Le royaume Melayu se développe dans la région de Jambi à Sumatra. Des archives chinoises de cette période mentionnent ces royaumes et trois autres sur l’île de Java.

Vers 670, le voyageur chinois I Ching visite Palembang, la capitale de Srivijaya. C’est à cette époque que se développe le premier royaume de Sunda.

 

686 : Le royaume de Srivijaya s’empare du royaume de Melayu et s’en prend aussi aux royaumes de Java.

 

Vers 700 : Srivijaya se lance dans la conquête de Kedah, sur la péninsule malaise.

 

Vers 770 : Le roi Sailendra entreprend la construction de Borobudur, achevée vers 825 sous le règne de son successeur Samaratunga.

 

835 : Samaratunga s’éteint. Son jeune fils Balaputra voit son trône pris par le père du mari de sa sœur, Patapan de Sanjaya, lequel remplace sur Java le bouddhisme par l’hindouisme.

 

846 : Un représentant du calife al-Mutawakkil de Bagdad visite l’île de Tidore, dans l’archipel des Moluques.

 

Vers 850 : Le Ramayana est traduit dès cette époque dans un vieil idiome javanais.

 

898 : Le roi Balitung, héritier de la lignée des princes Sanjaya, apparue en 732, impose son pouvoir sur le centre de Java, autour de Mataram.

 

910 : Le roi Daksa succède à Balitung et commence l’édification des plus importants temples hindous à Prambanan.

 

929 : Le roi Sanjaya Mpu Sindok prend le pouvoir et déplace sa cour de Mataram vers l’est de Java (près de Jombang) après une violente éruption du volcan Mérapi.

 

985 : Dharmavamsa devient roi de Mataram. Il conquiert Bali et établit un comptoir à l’ouest de Kalimantan (Bornéo). Il ordonne la traduction du Mahabharata en javanais.

 

990 : Dharmavamsa envoie, sans succès, une armée outre-mer pour attaquer le royaume de Srivijaya et prendre Palembang.

 

992 : Le roi de Srivijaya envoie un ambassadeur en Chine pour demander une protection face aux Javanais.

 

1006 : Srivijaya attaque et détruit la capitale de Mataram. Dharmavamsa est tué. Airlangga, qui n’a alors que 15 ans, échappe à la destruction. S’en suivent plusieurs années de chaos à l’est de Java.

 

1017 : Le roi indien Rajendra Chola attaque Srivijaya.

 

1019 : Après avoir vécu en ascète dans les forêts, Airlangga s’impose sur l’est de Java ; il fonde le royaume Kahuripan, fait la paix avec Srivijaya et protège aussi bien les hindous que les bouddhistes. Il étend son pouvoir sur le centre de Java ainsi que sur Bali. Il est reconnu en Indonésie aujourd’hui comme un modèle en matière de tolérance religieuse.

 

 

1025 : Rajendra Chola s’empare durant vingt ans de la péninsule malaise au détriment de Srivijaya. Alors que Srivijaya s’affaiblit, Airlangga étend la puissance et l’influence du royaume de Kahuripan.

Sous le règne d’Airlangga, les ports de la côte nord de Java, particulièrement Surabaya et Tuban, deviennent, pour la première fois, d’importants centres de commerce.

 

1030 : Airlangga se marie avec la fille du roi de Srivijaya. Il divise en 1045 Kahuripan en deux royaumes afin de les donner à ses deux fils ; il abdique pour vivre une vie d’ascète et meurt quatre ans plus tard.

 

1108 : Fondation du royaume (qui deviendra plus tard un sultanat) de Tidore (Moluques).

 

1117 : Un mariage permet de réunifier le royaume d’Airlangga, désormais dénommé royaume de Kediri où règne, de 1135 à 1157, Joyoboyo. C’est l’âge d’or de l’ancienne littérature javanaise.

 

1221 : Ken Angrok, potentat local de Tumapel (non loin de Malang), défait les forces du royaume de Kediri et le conquiert l’année suivante.

 

1268-1292 : Règne du roi Kertanegara

1289, l’empereur chinois Yuan Kubilaï Khan lui envoie des messagers pour exiger le paiement d’un tribut ; Kertanegara leur lacère le visage et les renvoie chez eux.

 

1292 : Marco Polo fait le tour de Sumatra et de Java. Kertanegara est tué dans une rébellion de palais ; son gendre Wijaya établit une nouvelle cour à Majapahit (aujourd’hui Trowulan) alors que Bali retrouve son indépendance.

Echec de l'invasion de Java par Kubilaï Khan

1297 : Pasai (sur Sumatra) se convertit à l’islam. Le sultan Malek Saleh est le premier potentat musulman de ce qui deviendra l’Indonésie.

 

1400 : Aceh se convertit à l’islam.

 

 1414 : Parameswara – un prince originaire de Palembang qui a fondé Malacca – se convertit à l’islam et prend le nom d’Iskandar Syah, après un mariage avec la fille du sultan de Pasai. Malacca devient alors un sultanat.

Les conversions à l'islam se multiplient quand les souverains locaux adoptent la nouvelle religion. Aceh et Malacca sont parmi les premiers territoires à devenir musulmans. La grande partie de Java ne devient musulmane qu’au début du XVIe siècle. Une première mosquée est construite sur l’île d’Amboine, dans les Moluques.

A la différence de ce qui s’est passé dans la plupart des régions gagnées à l’islam, ce n’est pas la conquête militaire, mais la présence commerciale et la conversion des détenteurs du pouvoir qui ont ici joué le rôle le plus important.

 

1445 : A Malacca, la révolte hindoue déclenchée contre l’islam est brisée.

 

1447 : Kertawijaya devient roi de Majapahit et se convertit à l’islam sur les conseils de sa femme, Darawati, une princesse de Champa (centre du Vietnam actuel). Son neveu, Sunan Ampel, s’efforce de répandre l’islam autour de Surabaya. Ampel est ainsi le premier des « neuf saints » (Walisongo), ou prédicateurs qui ont participé à l’islamisation à Java au cours du XVe siècle.

 

1456 : Bhre Wengker devient roi de Majapahit. C’est à cette époque que Palembang se convertit à l’islam.

 

1475 : Ternate et Tidore (îles des Moluques) se convertissent à l’islam.

 


De la conquête portugaise

En 1511L’ouverture du monde réalisée depuis la fin du XVe siècle à partir de l’Europe atlantique, allait fatalement bouleverser l’histoire des mondes lointains d’Amérique et d’Asie. Après avoir réalisé la circumnavigation de l’Afrique et traversé l’océan Indien pour ouvrir une nouvelle route maritime des Indes, les Portugais installés à Goa vont tout naturellement pousser vers l’est en direction de l’Insulinde. Dès 1511, ils s’emparent de Malacca et sont bientôt présents dans l’archipel indonésien avant de pousser jusqu’à Macao, au sud de la Chine. Ils vont tirer grand profit du commerce des épices récoltées dans la région et vont réussir, pendant près d’un siècle, à faire de l’océan Indien un lac portugais. Mais les ressources limitées du royaume lusitanien, son annexion par l’Espagne (1580-1640) et la guerre avec la Hollande rebelle, dans laquelle les Portugais se trouvent entraînés, vont faire qu’ils seront progressivement supplantés par leurs concurrents et ennemis bataves dans cette partie du monde.

 

1509 : Attirés par les épices produites dans cette région (clou de girofle, muscade, poivre...), les Portugais arrivent à Malacca avec l’intention de prendre le contrôle de leur commerce.

 

 

1511 : Partie de Goa en avril, l’expédition d’Albuquerque s’empare de Malacca le 10 août, mais les navires portugais affrontent une tempête et perdent une partie de leur butin en revenant vers Goa. En décembre, Albuquerque fait partir de Malacca trois navires qui, sous le commandement d’António de Abreu, doivent explorer les contrées plus à l’est.

 

1512 : L’expédition d’António de Abreu reconnaît Madura (Est de Java), Bali, Lombok, Aru et les îles Banda (Moluques du Sud). Deux des navires font naufrage aux îles Banda.

Abreu revient vers Malacca, mais Francisco Serrão poursuit sa route vers Amboine, Ternate et Tidore.

 

1513 : En mars, les Portugais envoient un émissaire auprès du roi de Pajajaran qui leur permet de construire un fort à Sunda Kelapa (aujourd’hui Jakarta).

 

1515 : Premier voyage portugais sur l’île de Timor. Le Portugais Tomé Pires, publie la Suma Oriental que trata do Mar Roxo até aos Chins (Court traité oriental, de la mer Rouge jusqu’aux Chinois), ouvrage qui décrit l’état politique des territoires asiatiques et sera une aide précieuse à la décision car il servira de guide aux capitaines envoyés par Lisbonne.

 

1521 : Les Portugais prennent Pasai sur l’île de Sumatra.

 

 

1522 : En février, l’expédition portugaise menée par Antonio da Brito arrive sur l’île de Banda, atteint Ternate en mai et y construit un fort. Un autre fort est établi à Hitu, sur l’île d’Amboine.

 

 

1526 : Les Portugais construisent un premier fort sur l’île de Timor.

 

1527 : Les sultans de Demak se proclament héritiers du royaume de Majapahit.

 

1529 : Suite au traité de Saragosse conclu entre les rois d’Espagne et du Portugal, les Moluques sont dévolues au Portugal et les Philippines à l’Espagne. Le Sacre et La Pensée, deux navires français des frères Parmentier, abordent Sumatra.

 

1530 : Surabaya se soumet à Demak qui s’empare de Balambangan, le dernier Etat hindou à l’est de Java.

 

1546 : Saint François Xavier voyage jusqu’à Morotai, Amboine et Ternate (Moluques).

A cette époque, les missionnaires Portugais commencent à étendre la religion catholique dans l’archipel, surtout à l’est.

 

1550 : Les Portugais entament la construction de forts sur Flores.

 

1552 : Aceh envoie une ambassade auprès du sultan ottoman à Istanbul.

 

1559 : Les missionnaires portugais posent pied sur Timor.

 

1560 : Les Portugais établissent une mission ainsi qu’un poste commercial à Panarukan (à la pointe est de Java).

 

1568 : Aceh attaque sans succès les Portugais à Malacca.

 

1570 : Le sultan Khairun de Ternate signe un traité d’amitié avec les Portugais, mais il est retrouvé empoisonné le jour suivant.

 

1575 : Le sultan Babullah chasse les Portugais de Ternate. Ces derniers construisent alors un fort, en face, sur l’île voisine de Tidore.

 

1579 : La principauté musulmane de Banten s’empare des derniers territoires de Pajajaran et y impose l’islam.

En novembre, Sir Francis Drake arrive à Ternate où il est bien reçu par le sultan Babullah. Les habitants du royaume de Pajajaran qui ne se sont pas convertis à l’islam s’établissent dans les montagnes ; ce groupe deviendra les Badui (à l’ouest de Java).

 

 

1580 : Le Portugal passe sous la couronne espagnole, ce qui compromet l’entreprise coloniale portugaise. Sur sa route de retour vers l’Angleterre, Francis Drake visite Célèbes et Java.

Les navires hollandais commencent leurs voyages en direction des Indes orientales.

 

1587 : Les Portugais signent une trêve avec le sultan d’Aceh.

Sir Thomas Cavendish visite Java.

 

1593 : Ternate assiège les Portugais d’Amboine.

 

1594 : Un nouveau type de bâtiment pouvant emporter beaucoup de vivres et une grosse cargaison est construit aux Pays-Bas, alors que se constituent les premières petites compagnies hollandaises, appelées « Compagnies des régions lointaines ».

 

 

1595 : Le 2 avril, une expédition hollandaise, placée sous la direction de Cornelis de Houtman, part en direction des Indes. Elle atteint Sumatra le 5 juin 1596, puis Banten le 23 juin. Les contacts avec les indigènes se révèlent difficiles.

 

 

1597 : Les derniers membres de l’expédition de De Houtman (89 sur les 248 du départ) retournent en Hollande non sans emporter avec eux des épices. A leur retour, de nombreuses autres petites compagnies hollandaises se forment.

 

 

1598 : Vingt-deux navires hollandais, répartis en cinq expéditions, font voile vers les Indes.

La seconde expédition de De Houtman ne s’avère pas rentable, mais les entrepreneurs hollandais perçoivent néanmoins l’important potentiel que recèle le commerce des épices.

 

1599 : L’expédition hollandaise conduite par Van Neck atteint les Moluques. C’est le début d’un commerce fructueux avec les îles de Banda, Amboine et Ternate.

En juin, De Houtman est tué lors d’un accrochage avec le sultan d’Aceh.

 

1600 : En septembre, à Amboine, l’amiral hollandais Van den Haghen signe un traité d’alliance avec la principauté de Hitu contre les Portugais établis sur l’île.

Etablissement de la Compagnie anglaise des Indes orientales (East India Company) par la reine Elisabeth Ière, le 31 décembre.

 

1601 : Les Portugais envoient depuis Goa une flotte de trente navires, dans le but d’évincer les Hollandais des Indes orientales, mais les 25 et 27 décembre, elle est battue par cinq navires hollandais dans le port de Banten.

 

1602 : Le 20 mars, plusieurs sociétés hollandaises se réunissent pour former la Vereenigde Oost-Indische Compagnie (VOC), la compagnie des Indes orientales, dirigée par le conseil des Dix-Sept (les fameux « Heeren XVII ») représentant les différentes régions des Provinces unies. Les Etats-Généraux donnent le pouvoir à la VOC de lever des armées, construire des forts, de négocier des traités et de faire la guerre en Asie. La VOC commence par envoyer de grands navires bien armés aux Indes orientales (trente-huit les trois premières années). Sir James Lancaster dirige de son côté une expédition britannique de la compagnie des Indes orientales ; il atteint Aceh (Sumatra) et établit un poste commercial à Banten.

La VOC avait quasiment tous les pouvoirs d’un Etat souverain en grande parie du fait de la distance et de l’état des communications entre les Provinces unies et l’Asie qui faisaient qu’elle ne pouvait pas être dirigée directement depuis les Provinces unies.

 

1603 : Un poste commercial de la VOC est établi à Banten.

 

1604 : L’expédition britannique de la East India Company, sous la direction de Sir Henry Middleton visite Ternate, Tidore, Amboine, et Banda.

 

1605 : A Amboine, c’est la reddition des Portugais devant les navires de la VOC.

 

1606 : La VOC lance une attaque infructueuse contre les Portugais à Malacca.

 

1607 : En mai, le sultan de Ternate fait appel à la VOC pour le protéger contre les Espagnols.

Goa se lance dans trois ans de guerre contre le royaume voisin de Bone.

 

1609 : La forteresse portugaise de Bacan tombe aux mains de la VOC.

 

1610 : Le poste de gouverneur général est créé pour la VOC en Asie, par le Raad van Indie (le Conseil d’administration des Indes).

 

1611 : Les Britanniques commencent à établir de nombreux postes aux Indes orientales dont Makassar, Aceh et Jambi.

 

1613 : La VOC installe un poste à Timor.

 

1614 : Fondation de la ville de Bandung.

 

1615 : Création de la première église réformée hollandaise à Amboine. La VOC, avant tout établissement commercial, sans grand intérêt pour l’évangélisation, interdisait le catholicisme dans les territoires sous son contrôle.

 

1618 : Jan Pieterzoon Coen devient gouverneur général de la VOC. Les rapports se font souvent conflictuels avec les royaumes indigènes.

 

 

1619 : Le 12 mars, les Hollandais nomment Batavia le poste de Jayakerta (l’actuelle Jakarta). Le 28 mai, Coen arrive à Jayakerta et incendie la ville ancienne, laissant debout uniquement le poste hollandais qui va devenir le quartier général de la VOC. En août, la VOC commence la construction de la nouvelle ville de Batavia.

 

1620 : La VOC, sous le commandement de Coen, extermine une grande partie de la population de Banda afin de prévenir toute « contrebande ».

 

 

1621 : Les Britanniques établissent un poste commercial à Amboine (Moluques) où leurs agents sont arrêtés et exécutés par les Hollandais de la VOC pour « complot » en 1623.

 

1623 : L’expédition de Carstenz au profit de la VOC explore la côte sud de la Papouasie occidentale.

Coen retourne en Hollande. Carpentier devient le nouveau gouverneur général de la VOC.

La VOC revendique formellement les îles Aru (dans la mer d’Arafura, entre la Papouasie et Timor).

 

1625 : Premières expéditions « Hongi » aux Moluques. Ces expéditions consistaient en des attaques brutales et meurtrières, habituellement menées par des alliés indigènes de la VOC, contre quiconque faisait pousser des clous de girofles sans l’autorisation de la compagnie.

A cette période, la VOC était probablement la plus grande entreprise commerciale du monde, avec des dizaines de milliers d’employés. Les territoires qu’elle contrôlait ne se limitaient pas seulement à ceux de l’Indonésie actuelle ; en effet, au milieu du XVIIe siècle, ils comprenaient également le Sri Lanka (Ceylan), Taiwan, la zone du Cap (Afrique australe). La VOC possédaient aussi des manufactures, des dépôts et des bureaux au Siam (Thaïlande), au Japon, en Perse, au Yémen ainsi qu’à Canton (Chine).

 

1636 : Van Diemen devient gouverneur général de la VOC qui interdit toute correspondance privée (cette interdiction durera jusqu’en 1701). En pleine période mercantiliste, tout commerce opéré en dehors de la VOC est considéré comme de la contrebande et réprimé comme telle.

 

 

1640 : Le Portugal reprend son indépendance vis-à-vis de la couronne espagnole.

 

1641 : Le 14 janvier, la VOC s’empare de Malacca, aux mains des Portugais, avec l’aide du sultan de Johor. Avec la prise de Malacca par la VOC, c’est le signe de la fin de la présence significative des Portugais dans la région. Avec la quasi éviction des Britanniques et des Portugais, et avec Batavia et Amboine à l’abri relatif des puissances voisines, la VOC est en position de force.

 

1642 : En revenant de la Nouvelle-Zélande, Tasman explore les côtes de la Papouasie occidentale pour le compte de la VOC. Les « statuts de Batavia », inspirés du droit romain, sont promulgués et font office de code législatif sur l’ensemble des territoires sous contrôle de la VOC. Ce code est l’œuvre d’un expert en droit d’Amsterdam, Joan Maetsuyker, envoyé pour ce faire par la compagnie aux Indes orientales.

 

 

1646 : Le sultan Agung de Mataram meurt et Susuhunan Amangkurat Ier lui succède. Mataram contrôle quasiment l’île de Java, excepté Banten et Batavia. Au début du règne d’Amangkurat Ier, ses relations avec la VOC sont bonnes. Le 24 septembre est signé un traité entre la VOC et Mataram ; parmi les clauses du traité, une promesse d’aide mutuelle face à d’éventuels ennemis et l’extradition de débiteurs en fuite. Les navires de Mataram peuvent commercer dans tous les ports de la VOC excepté Amboine, Ternate ou Banda (territoires des Moluques) ; dans le cas où les navires feraient route vers Malacca, une autorisation est requise auprès de Batavia.

 

1652 : La VOC amène le sultan Mandarsyah de Ternate à Batavia et lui fait signer un accord stipulant l’interdiction de faire pousser du clou de girofle.

 

1659 : Les soldats de la VOC détruisent Palembang.

 

1663 : Banten commence à commercer directement avec Manille (Philippines).

Le 6 juillet, c’est le traité de Painan ; les côtes du pays Minangkabau (dont Padang) deviennent un protectorat de la VOC, la protégeant des incursions en provenance d’Aceh.

 

Vers la fin de la décennie 1660 : Banten commerçait directement avec la Chine, le Japon, le Siam, l’Inde et l’Arabie ; ses navires entraient donc en compétition avec les Britanniques, les Français, les Hollandais de la VOC. Le sultan Agung de Banten était un farouche opposant du monopole institué par la VOC et souhaitait entrer en relations commerciales avec qui il souhaitait.

 

1664 : Création en France de la Compagnie royale des Indes orientales.

 

1667 : L’expédition de la VOC sous le commandement de Speelman force le sultan de Tidore à se soumettre à la VOC. Les Britanniques abandonnent toute revendication sur les îles Banda en échange de l’île de Manhattan (Aujourd'hui New-York).

 

 

1669 : Les commerçants de la VOC à Banjarmasin (Sud de Bornéo) sont massacrés.

 

L’archipel de la Compagnie des Indes orientales (XVIIe-XVIIIe siècle)

La fin du XVIIe siècle et le XVIIIe voient la Compagnie hollandaise des Indes Orientales – la VOC – exercer une domination à peu près totale sur la région, dont les produits exportés – les épices pour l’essentiel – font alors la fortune d’Amsterdam et des Provinces unies des Pays-Bas. A des milliers de kilomètres de la métropole néerlandaise, les dirigeants de la Compagnie ont les mains tout à fait libres pour gouverner leur immense domaine comme ils l’entendent. S’imposant par la force aux princes locaux ou entretenant avec eux de profitables alliances, ils imposent aux indigènes des cultures forcées à vocation spéculative et envoient leurs capitaines vers les côtes d’Australie ou de Nouvelle Guinée. Après avoir mis hors-jeu les Portugais – réduits à ne conserver qu’une partie de l’île de Timor –, ils sont en mesure de dissuader toute concurrence. Tout va cependant changer avec les événements révolutionnaires qui affectent l’Europe, notamment les Pays-Bas en 1795 et l’intention des Anglais de profiter de cette situation.

 

1670 : La VOC établit un avant-poste à Bengkalis (une des îles au sud du détroit de Malacca) et un autre à Perak (à l’entrée du détroit, en Malaisie actuelle), dans le but de contrôler le commerce de l’étain.

 

 

1672 : Eruption du volcan Merapi au centre de Java.

La VOC reconnaît Arung Palakka comme roi de Bone.

La France de Louis XIV envahit les Pays-Bas, mais ce qui se passe en Europe affecte très peu les activités de la VOC.

 

1676 : La VOC envoie l’amiral Speelman combattre les rebelles musulmans au nord de Java et à Madura.

 

 

1677 : La VOC conclut un traité le 25 février avec le souverain de Mataram Amangkurat Ier, par lequel la VOC aidera Mataram ; les territoires de la VOC autour de Batavia seront étendus vers l’est ; la Compagnie est en droit de construire, où elle le souhaitera, des manufactures ou des dépôts et pourra importer et exporter sans aucune restriction. Mataram fera en sorte de limiter l’installation de Malais, d’Arabes ainsi que de tout autre étranger sur son territoire et dédommagera la VOC pour le travail accompli par la Compagnie contre la rébellion. Speelman se voit octroyer, par ailleurs, le droit d’établir des traités au nom d’Amangkurat Ier.

Amangkurat Ier meurt en juillet. Amangkurat II fait appel à la VOC contre les rebelles.

La VOC occupe les îles Sangir (ou Sangihe, entre Célèbes et Mindanao).

Durant cette période, les dirigeants de Mataram empruntent de l’argent à la VOC, mais aucune des parties n’en tire vraiment bénéfice. Si les dirigeants de Mataram y perdent leur pouvoir et leur souveraineté, la VOC, pour sa part, ne verra jamais sa dette totalement payée.

 

 

1684 : Le 17 avril, la VOC renouvelle le traité de 1659 établi avec Banten ; les clauses additionnelles affirment le monopole de la VOC dans le commerce du poivre. Le 28 avril, la VOC annule la dette du sultan de Banten, à la seule condition que les précédents traités entre la VOC et Banten seront respectés.

 

1686 : Le 15 février, la VOC obtient un monopole total sur le poivre à Banten.

Amangkurat II envoie des lettres, sous le sceau du secret, à Johore, Minangkabau, à la East India Company britannique et même au Siam pour tenter de trouver de l’aide contre la VOC.

 

1690 : Introduction du thé à Java.

 

1699 : La VOC introduit la culture du café à Java.

 

1702 : Antonio Coelho Guerreiro prend ses fonctions de premier gouverneur en titre du Timor portugais. Durant le XVIIIe siècle, les avant-postes portugais sur Timor se limitent à la côte nord.

 

1705 : Le 5 octobre, le prince de Mataram signe un accord avec la VOC : sa dette auprès de la compagnie est effacée ; la partie orientale de l’île de Madura passe sous contrôle de la VOC et Semarang devient officiellement une ville sous contrôle de la VOC ; Cirebon devient, pour sa part, un protectorat de la compagnie ; la VOC obtient des droits commerciaux étendus ; les navigateurs javanais doivent se cantonner à leurs zones maritimes immédiates ; Mataram doit fournir du riz sur demande à la VOC et ce, à un prix fixé par la compagnie. De plus, les deux parties s’entendent sur le fait qu’aucune autre nation européenne n’aura le droit de construire des bâtiments, des fortifications où que ce soit sur Java.

 

1708 : Les armées de la VOC débarquent à Surabaya pour combattre Amangkurat III, qui se rend le 17 juillet, après avoir reçu une fausse promesse de la VOC (des terres et la liberté s’il se rendait). Il est en fait arrêté et exilé à Ceylan.

 

 

1710 : La VOC ouvre des mines d’étain à Bangka.

 

1714 : Le sultan de Tidore se défait de ses ambitions sur la Papouasie occidentale au profit de la VOC. A partir de ce moment (surtout après le traité d’Utrecht de 1713, lequel met fin à treize années de guerre entre les puissances européennes et leurs colonies), les Hollandais et la VOC perdent peu à peu de leur influence et les Britanniques deviennent la puissance coloniale et navale majeure.

 

1718 : Le nouveau gouverneur général de la compagnie est Hendrick Zwaardecroon, arrivé dans les Indes orientales en 1684 comme secrétaire du commissaire général de la VOC.

 

1722 : La VOC se voit octroyer le monopole de l’étain à Bangka et Belitung par le sultan de Palembang.

 

1723 : La VOC commence une production intensive de café à Priangan. Pendant près d’un siècle, le café de Java dominera le marché mondial.

 

1729 : Le roi de Roti (Timor) devient chrétien.

 

1735 : Création des archives officielles de la VOC à Batavia.

 

1740 : La VOC débute sa campagne visant à déporter vers Ceylan et l’Afrique australe, les « Chinois superflus ». Des rumeurs se répandent disant qu’une fois à bord et en haute mer, les Chinois seraient éliminés. Certains Chinois commencent alors à s’armer afin de se défendre. Des émeutes antichinoises éclatent à Batavia face à cette menace. Au moins dix mille Chinois sont tués et les quartiers chinois de la ville sont brûlés.

 

1742 : La VOC inflige une défaite aux derniers résistants chinois. Une amnistie générale est décrétée.

 

 

1745 : Le gouverneur général van Imhoff fonde la ville de Buitenzorg (l’actuelle Bogor).

 

1751 : Les forces de la VOC réduisent la rébellion de Banten ; autour de Batavia, une guérilla se poursuit contre les plantations de la compagnie.

 

1756 : La VOC signe des traités avec les chefs coutumiers des îles de Savu et de Sumba (petites îles de la Sonde) et avec des chefs locaux de Timor.

 

 

1769 : Une expédition française dérobe des clous de girofle et de la noix de muscade à Amboine, brisant ainsi le monopole de la VOC. Les Portugais construisent un poste à Dili (Timor oriental).

 

1770 : Le capitaine britannique James Cook fait relâche à Batavia.

 

1778 : Création du Bataviaasch Genootschap van Kunsten en Wetenschappen (Société batave des Arts et des Sciences) ; ses collections seront à la base du futur Musée national et de la Bibliothèque nationale indonésiens.

 

 

1780 : Guerre entre les Pays-Bas et la couronne britannique.

 

 

1784 : Le traité de Paris posant le principe de la liberté des mers modifie la donne monopolistique hollandaise ; il faut composer non seulement avec les Britanniques et les autres nations européennes, mais aussi avec un nouveau venu : les Etats-Unis d’Amérique. Les Indes orientales sont ouvertes au libre commerce.

 

1786 : Les Britanniques fondent Penang sur l’île du même nom (côte nord-ouest de la Malaisie). Le sultan de Banjar de Bornéo cède ses droits et souveraineté à la VOC.

Construction d’une route reliant Batavia à Bandung.

 

1795 : En janvier, des révolutionnaires néerlandais appuyés par les troupes françaises proclament aux Pays-Bas la République batave. Le stadhouder des Pays-Bas s’enfuit à Londres. Le nouvel Etat se retrouve en guerre avec le Royaume-Uni.

Le 7 février, le prince d’Orange, stadhouder de Hollande en exil, envoie une lettre à tous les gouverneurs coloniaux leur demandant de se rendre aux Britanniques ; la VOC de Batavia déroge à cet ordre, mais, en août, la VOC abandonne Malacca au profit de la East India Company britannique. Réalisation d’un premier recensement à Java.

 

1796 : Le 1er mars, le conseil des Dix-Sept (Heeren XVII) transfère l’administration de la VOC au comité pour les affaires des Indes orientales. Les Britanniques occupent Padang (Java) et Amboine (Moluques).

 

1797 : Création à Amsterdam de la Société missionnaire hollandaise (Nederlands Zendelinggenootschap) pour « promouvoir le développement du christianisme parmi les païens ». C’est le début d’une activité intense menée par les missionnaires protestants aux Indes orientales, pas seulement à Java et Sumatra, mais également dans les endroits encore peu explorés, jusqu'en Papouasie occidentale.

 

1798 : Le gouvernement hollandais révolutionnaire met fin à la charte de la VOC et prend à son compte dettes et actifs de la compagnie. La VOC perdait beaucoup d’argent dans ses intrigues politico-commerciales et dans le recours à la corruption, à tel point qu’à la fin du XVIIe siècle, la compagnie était en faillite totale (elle cessa d’exister officiellement au 1er janvier 1800).

 

 

1799 : Le 27 avril, le comité pour les affaires des Indes orientales envoie une lettre d’instruction à Batavia, précisant que les idées révolutionnaires de la République (liberté et égalité) ne peuvent pas être appliquées aux Indes. Des officiers hollandais assiégés à Ternate se rendent aux Britanniques. En cette année 1799, les Britanniques avaient pris à leur compte l’ensemble des possessions et des protectorats de la VOC dans la région, à l’exception de Java, de Banjarmasin, de Palembang, du Timor occidental et de Makassar. La plupart de ces territoires reviennent dans le giron hollandais en 1802 pour être repris toutefois quelques années plus tard par les Britanniques.

 

Les Indes néerlandaises traversent la Révolution et l’Empire

La transformation des Provinces unies en une République batave proclamée, contre son gré, « République-sœur » de son homologue française, entraîne d’importants bouleversements pour les Indes néerlandaises. La Compagnie hollandaise des Indes orientales est dissoute et c’est le nouveau pouvoir établi à La Haye qui prend en compte les destinées de l’immense espace colonial bâti à l’autre bout du monde. Le traité d’Amiens de 1802 ne rétablit qu’une paix éphémère et les Indes néerlandaises vont très vite se trouver sous la menace britannique. Placé à la tête de la colonie, Hermann Daëndels, un officier hollandais attaché aux idées révolutionnaires, puis à Napoléon, va tenter de transformer l’archipel tout en essayant d’assurer sa défense. Quand Napoléon décide d’en finir avec le royaume de Hollande, initialement donné à son frère Louis, c’est à la France que revient l’archipel, mais pas pour longtemps, car le rapport des forces est trop défavorable face à la puissance anglaise. Londres admet cependant en 1815 la rétrocession de ses Indes orientales au nouveau royaume des Pays-Bas. Cette période voit également apparaître, dans une partie de l’archipel un islam inspiré par le wahhabisme saoudien, celui qui a temporairement pris le contrôle de la péninsule arabique au début du XIXe siècle. C’est une nouveauté en des terres acquises jusque-là à l’islam sunnite chaféite.

 

1800 : Dissolution officielle de la VOC au 1er janvier ; ses propriétés reviennent entièrement au gouvernement hollandais.

Le sultan du Kraton Kanoman de Cirebon se voit interdire Amboine par les Hollandais.

Une révolte de basse intensité (mais qui dure néanmoins six ans) éclate sous la houlette de Bagus Rangen, un homme sans instruction notable et qui se présente comme fondateur d’une religion nouvelle ; il a, dit-on, près de dix mille sectateurs. Jusqu’à l’arrivée du gouverneur Daëndels, seulement une partie des fonctionnaires hollandais sur place approuvent le gouvernement d’Amsterdam.

 

1802 : Par le traité d’Amiens, Malacca et les Moluques sont restituées par les Britanniques aux Hollandais.

 

1803 : Le gouvernement de la République batave met en place une charte coloniale rendant le gouvernement des Indes orientales responsable devant les Pays-Bas (à la différence de la VOC en son temps).

Trois pèlerins issus du pays Minangkabau reviennent d’un voyage à la Mecque où ils ont rencontré des partisans du mouvement wahhabite, lequel se développe dans la péninsule arabique. Les trois pèlerins, appelés « Padri », lancent un mouvement qui commence à s’étendre dans le pays Minangkabau ; ce mouvement défend un islam orthodoxe, à l’opposé des pratiques traditionnelles. Les Britanniques restituent Amboine aux Hollandais.

 

1806 : Création du ministère hollandais des Colonies. La République batave des Pays-Bas, sous contrôle français, devient le royaume de Hollande, attribué à Louis Bonaparte, frère de Napoléon.

 

1807 : Le gouvernement des Pays-Bas, sous influence française, nomme Hermann Willem Daëndels au poste de gouverneur général des Indes. Il arrive sur place le 1er janvier 1808. Cet officier hollandais a participé aux guerres de la Révolution et du Premier Empire et va se révéler très actif et très énergique.

 

 

1808 : La « période française » des Indes orientales ne va durer que de février 1808 à août 1811. Daëndels, qui établit sa résidence à Buitenzorg (aujourd’hui Bogor) doit faire face au blocus britannique qui paralyse l’économie. Le 18 août, il redécoupe Java en neuf « préfectures », organise la défense du territoire et fonctionnarise les princes javanais, les potentats locaux et chefs de village. Le gouverneur général développe les communications (la route est-ouest de Java) et crée un nouveau port à Banten (ouest de Java). Les ouvriers se révoltent sous l’énormité de la tâche ; le représentant hollandais à Banten est tué. Daëndels envoie des soldats sur place et remplace le sultan de Banten, exilé à Amboine.

 

1809 : Daëndels fait construire une route de montagne entre Batavia et Cirebon.

A Batavia, Daëndels commence une campagne pour assainir les canaux de la ville.

 

1810 : En mai, les Britanniques reprennent Amboine, Ternate et Tidore.

Napoléon annexe la Hollande à la France. Daëndels fait hisser le drapeau français à Batavia.

Stamford Raffles qui, en 1808, a convaincu les autorités anglaises de conserver Malacca, rend visite à Lord Minto, gouverneur général des Indes à Calcutta, pour lui demander instamment de chasser les Français et les Hollandais de Java ; Lord Minto se laisse convaincre.

 

1811 : En mai, Daëndels est remplacé par Jan Willem Janssens (Daëndels rejoindra bientôt Napoléon en Russie). Le 3 août, les Britanniques débarquent à Java. Des princes locaux de Banten, qui était encore une zone de troubles suite aux travaux routiers ordonnés par Daëndels, prennent en otage le sultan de Banten et entrent en relation avec les Britanniques qui s'emparent de Batavia le 26 août, sous la direction de Lord Minto. Le 18 septembre, à Salatiga (au centre de Java), les Hollandais se rendent aux Britanniques.

Thomas Stamford Raffles est nommé lieutenant-gouverneur de Java. Il est reconnu pour le travail effectué au service de l’East India Company, et se voit chargé du gouvernement de Java et Sumatra. Il sera quelques années plus tard le fondateur de Singapour.

 

1812 : Le 12 janvier, Raffles proclame la mise en œuvre d’une réforme du système judiciaire, afin de le réorganiser et de le moderniser.

Raffles, tout comme Daëndels, est persuadé qu’il met fin à l’oppression alors qu’en fait, il met en place une rude domination coloniale. Ce qui peut être mis à son crédit, c’est le fait qu’il a libéré l’économie de Java par le biais de réformes favorables aux fermiers.

Il met ainsi fin au travail forcé et aux cultures obligatoires ; il tente également d’en finir avec le commerce des esclaves. Bien que les cultivateurs puissent, sous Raffles, faire pousser ce qu’ils désiraient, ils devaient toujours cependant s’acquitter du versement de 40 % de leur récolte au gouvernement.

 

1813 : Raffles abolit le sultanat de Banten ; le sultan reçoit toutefois une pension du gouvernement britannique.

 

1814 : Le 21 juin, accord entre les nations qui ont combattu Napoléon sur la fondation d'un nouveau royaume des Pays-Bas. Le 13 août, les Britanniques s’accordent sur une éventuelle rétrocession des Indes aux Hollandais.

 

1815 : Le gouvernement de Hollande met en place des règlements afin de régir les Indes néerlandaises ; ces règlements feront plus ou moins office de Constitution et ce, jusqu’en 1942. Eruption du Tambora (Sumbawa) qui fait 12 000 morts (auxquels s’ajoutent 50 000 autres du fait de la famine qui a suivi) et affecte le climat sur l’ensemble du globe.

 

 

1816 : Le 19 août, les Hollandais retournent à Batavia. Cornelis Theodorus Elout, un des trois commissaires-généraux envoyés par la Hollande pour reprendre en main les Indes, poursuit la politique de réforme entamée par Raffles. Les Hollandais échouent dans la tentative d’amener les rajas de Bali à reconnaître leur autorité.

 

1818 : Fin du commerce des esclaves à Java.

 

1819 : Le 19 janvier, Raffles établit Singapour, après avoir acheté l’île au sultan de Johor.

Les Hollandais reviennent à Padang.

 

 

1821 : Début de la guerre des Padri, fondamentalistes musulmans inspirés par le wahhabisme.

 

 

1823 : Les forces bataves sont battues par les Padri à Lintau (Sumatra du Sud).

Le gouverneur général van der Capellen abolit les baux fonciers dans le centre de Java ; par ce geste, il supprime la principale ressource de la noblesse, poussant cette dernière à des sentiments anti-hollandais.

 

1824 : Le 17 mars, les Britanniques et les Hollandais signent le traité de Londres et se partagent l’Insulinde. Les Hollandais exigent Sumatra, Java, les Moluques, la Papouasie occidentale, etc. Les Britanniques quant à eux, veulent la péninsule malaise, Singapour, ainsi que la partie nord de Bornéo. Aceh (au nord de Sumatra) est censé rester indépendant.

 

1825 : Fondation, le 29 mars, de la Nederlandsche Handel Maatschappij (Compagnie commerciale hollandaise). Les Padri s’emparent du Sud de Tapanuli (au nord de Sumatra). Les Hollandais demandent à présent aux pèlerins de la Mecque de se munir d’un passeport et de s’acquitter d’une taxe. En juillet, suite à un différend à propos de la construction d’une route qui aurait coupé un verger, les Hollandais envoient des troupes et se heurtent à une rébellion, la « guerre de Java », qui s’achèvera en 1830.

 

1826 : La guérilla s’étend au Centre et à l’Est de Java. Les Hollandais réorganisent leurs forces et prennent l’offensive contre les groupes rebelles.

 

1830 : Fin du conflit. Le chef des insurgés est exilé.

 

L'Indonésie, une expérience coloniale

Le XIXe siècle voit la généralisation de l’expansion coloniale européenne et, dans ce contexte bien précis, fondé sur la supériorité matérielle et culturelle des sociétés de la vieille Europe ; la position occupée par les Hollandais dans l’archipel indonésien ne saurait être remise en question. La mainmise coloniale s’affirme. Les dernières dissidences indigènes sont brisées et la richesse de la colonie s’accroît au rythme du développement des échanges, favorisés par l’ouverture du canal de Suez. L’aménagement de routes et de voies ferrées, l’introduction de la culture de l’hévéa, l’installation des premières liaisons télégraphiques – notamment par câbles sous-marins jetés entre l’Indonésie et l’Inde d’une part, l’Australie d’autre part, font que l’archipel et sa capitale Batavia s’insèrent toujours davantage dans l’économie mondiale. Mais la période voit aussi l’apparition des premières revendications identitaires, au moins à Java. 

 

1830 : Le nouveau gouverneur général, Johannes van den Bosch, met en œuvre le « cultuurstelsel », le système des cultures forcées. Sous ce système, les Javanais doivent favoriser les productions exportables (café, sucre, épices et indigo) au détriment du riz, l’aliment de base. Les produits issus du cultuurstelsel, sont vendus par le biais de la Nederlandse Handel-Maatschappij (agence étatique hollandaise) laquelle conserve l’ensemble des profits. Le roi des Pays-Bas a des parts non négligeables dans la NHM et développe ainsi sa fortune.

Cette année-là, le premier bateau à vapeur arrive aux Indes.

La Nederlands Zendelinggenootschap (la Société missionnaire hollandaise) commence à œuvrer dans l’instruction et l’éducation offerte aux enfants indigènes.

Le 4 décembre, van den Bosch structure officiellement les forces armées hollandaises issues de la guerre de Java ; constitution de la Oost-Indische Leger (armée des Indes orientales, qui deviendra plus tard la KNIL).

 

1831 : Le gouvernement des Indes néerlandaises dispose d’un budget équilibré.

Les soldats hollandais combattent les Padri à Sumatra alors que des navires de la marine américaine arrivent sur les côtes d’Aceh pour lutter contre la piraterie.

 

 

1838 : La victoire hollandaise de Daludalu met fin à la guerre des Padri dans le pays Minangkabau.

 

 

1841 : Les rajas de Bali signent des traités reconnaissant la souveraineté hollandaise mais conservent certaines prérogatives. James Brooke, un aventurier britannique, entreprend de construire un empire privé au Sarawak (ouest de Bornéo) ; il deviendra le premier « raja blanc du Sarawak ».

 

1842 : Sous la pression britannique, les Hollandais se retirent de la côte orientale de Sumatra, au nord de Palembang.

 

1843 : Le raja de Lombok accepte la souveraineté hollandaise.

 

1845 : Début de l’exploitation de la vanille à Java.

 

1848 : Nouvelle constitution aux Pays-Bas : les Etats-Généraux de Hollande conservent leurs pouvoirs sur les affaires coloniales. Révision des Codes commerciaux, civils et pénaux pour les Indes néerlandaises ; ils ne sont applicables qu’aux personnes issues d’Européens.

Manifestation à Batavia, menée par le baron van Hoevell (un ministre hollandais), réclamant au roi des Pays-Bas la défense de la liberté de la presse, l’école publique second degré et la présence des Indes néerlandaises aux Etats-Généraux.

 

1849 : En avril, les autorités de Batavia prennent le contrôle de Buleleng et de la côte nord de Bali.

 

1850 : Les Indes néerlandaises interdisent aux missionnaires catholiques de se rendre chez les Batak à Sumatra et chez les Torajas de Célèbes. Seuls les missionnaires protestants sont admis dans ces contrées.

 

1851 : Création, à Gambir (Batavia), des écoles « Dokter-Jawa » – qui deviendront bientôt les STOVIA (School Tot Opleiding Van Inlandsche Artsen) – où sont enseignés des rudiments de médecine aux enfants des classes favorisées.

Le Cola est introduit sur Java.

Les Hollandais mettent fin à la taxe sur le Hajj (pèlerinage à La Mecque).

 

1854 : Le gouvernement hollandais met en place une réforme constitutionnelle pour les Indes néerlandaises (la Regeeringsreglement). Les potentats locaux indigènes auront officiellement la possibilité d’exercer leur pouvoir traditionnel sur leurs sujets, mais ceci au nom du gouvernement hollandais des Indes.

Une stricte séparation entre Européens et indigènes des îles est établie dans la loi.

Le gouverneur général des Indes néerlandaises reçoit le pouvoir d’expulser et d’exiler quiconque, sans possibilité d’appel.

Introduction de la culture de la cinchona (la quinine) à Cibodas, dans l’Ouest de Java.

 

1856 : Promulgation d’un règlement sur les publications, lequel donne autorité au gouverneur général d’établir la censure de la presse sans possibilité d’appel.

En mars, Eduard Douwes Dekker est démis de ses fonctions au poste de vice-résident à Lebak (Java), après avoir dénoncé la corruption des régents locaux.

Plus tard, sous le nom de plume de « Multatuli », il écrira un roman intitulé Max Havelaar, dénonçant la situation coloniale à Java aux lecteurs hollandais.

 

1857 : Edification de la première ligne de télégraphe entre Batavia et Buitenzorg.

 

1859 : Les Portugais signent un accord avec les Hollandais ; ils abandonnent au profit des Hollandais leurs avant-postes et prétentions sur Florès et Solor, mais gardent cependant leur possession du Timor oriental (partition de l’île en deux).

Une ligne de télégraphe, reliant Batavia à Singapour, est posée.

 

1862 : Fin de la culture obligatoire du poivre.

 

1863 : Le 1er juillet, l’esclavage est officiellement aboli dans les Indes néerlandaises.

La culture du tabac est lancée dans le Nord de Sumatra. Fransen van de Putte, un ancien propriétaire de plantations sur Java et opposant au système des cultures forcées, devient ministre des Colonies. Fin de la culture forcée du clou de girofle et de noix de muscade.

 

1864 : Le 1er avril, le premier timbre des Indes néerlandaises est émis.

Première tentative hollandaise d’hévéaculture à Java et Sumatra.

 

1865 : Fin de la culture forcée du thé, de la cannelle, de la cochenille et de l’indigo.

Les Hollandais introduisent le tabac à Deli et dans le Nord de Sumatra. De nouvelles lois et réglementations forestières sont introduites.

 

1866 : Fin de la culture forcée du tabac.

 

1867 : Une loi sur la responsabilité budgétaire prescrit que, désormais, les finances des Indes néerlandaises doivent être séparées de celles des Pays-Bas.

Mise en place d’un ministère de l’Education.

 

1869 : Aceh sollicite la protection de l’Empire ottoman. L’ouverture du canal de Suez réduit considérablement le temps de voyage entre l’Europe et l’Asie et donne plus d’importance stratégique à Aceh. Dès 1870, une ligne régulière passant par Suez est mise en service entre les Indes néerlandaises et les Pays-Bas.

 

 

 

1871 : La loi agraire encourage la privatisation de l’agriculture, démantèle le système des cultures forcées. Un câble télégraphique est posé entre Banyuwangi (Java) et l’Australie. En novembre, le traité de Sumatra, conclu entre Britanniques et Hollandais, voit ces derniers concéder la Côte de l’Or (en Afrique occidentale) aux Anglais. Les Hollandais ont les mains libres à Sumatra, Grande-Bretagne et Pays-Bas conservant des droits commerciaux sur Aceh.

 

 

1872 : La guerre avec les Batak commence au nord de Sumatra ; elle durera jusqu’en 1895.

 

1873 : Le 25 janvier, un émissaire d’Aceh s’entretient avec le consul américain à Singapour ; mais les Etats-Unis rejettent toute possibilité d’aide. En mars-avril, les forces hollandaises débarquées à Aceh sont repoussées. Un nouveau débarquement a lieu en novembre. Les premiers rails de chemin de fer sont posés cette année-là à Java.

 

1875 : Les Indes néerlandaises, l’Australie et l’Allemagne fixent les frontières en Nouvelle-Guinée.

 

 

1876 : Introduction à Java de la culture de l’hévéa.

 

1878 : L’expédition du général van der Heijden, réduit en cendres des dizaines de villages en Aceh où la résistance aux Hollandais persiste.

 

 

1880 : Achèvement de la ligne ferroviaire Batavia-Bandung. Une ordonnance sur les coolies (Koelie Ordonnantie) précise et clarifie les contrats de travail.

 

1883 : Eruption du Krakatau (Krakatoa) ; on compte environ 36 000 morts à l’ouest de Java ainsi qu’à Lampung. A. J. Zijlker reçoit l’agrément des Hollandais pour débuter le forage du pétrole à Langkat, au nord de Sumatra.

 

1888 : Le Nord de Bornéo (le Sabah) devient un protectorat britannique.

Création de la Koninklijke Paketvaart Maatschappij ; c’est la compagnie principale de transport de passagers et de fret. Durant cette période, on dénombre à Java plus de quatre-vingt potentats locaux possédant le titre de sultan, susuhunan ou bupati (régent), alors que, dans les faits, seuls les Hollandais détiennent le pouvoir réel.

 

1893 : Les premières écoles pour indigènes voient le jour.

 

1894 : Réussite de la dernière intervention hollandaise sur Lombok. Les rapports sur ces événements ébranlent la société hollandaise. Près de 3 000 volontaires s’engagent pour les Indes et pour défendre la couronne des Pays-Bas, mais d'autres sont choqués et leurs réactions permettent le lancement d’une réforme du gouvernement colonial (la etische koloniale politiek), réforme qui sera connue sous le nom de « politique éthique », qui se donnait pour ambition l’« avancement intellectuel et moral » des indigènes des Indes orientales.

 

 

1901 : 6 juin, naissance de Sukarno, lequel deviendra le premier président de l’Indonésie indépendante en 1945. La reine Wilhelmine des Pays-Bas annonce la mise en place aux Indes de la « politique éthique ».

 

1902 : Les Hollandais mettent fin aux restrictions touchant au Hajj (pèlerinage à La Mecque).

 

1903 : Le Sultan d’Aceh, Tuanku Daud Syah, se rend aux Hollandais. Les trente ans de la guerre d’Aceh ont coûté la vie à 60 000 Achénais (dont 25 000 cultivateurs), à plus de 2 000 soldats hollandais morts sur le champ de bataille et à plus de 10 000 autres soldats atteints par les maladies.

La loi sur la décentralisation accorde un petit nombre de sièges aux indigènes au sein des gouvernements locaux et provinciaux. Les premières élections jamais tenues sur Java ont lieu. Séparation du Trésor des Indes néerlandaises et du Trésor hollandais.

 

 

1904 : Van Heutsz, gouverneur militaire d’Aceh, devient (jusqu'en 1909) gouverneur général. Une expédition menée sous la direction du capitaine van Daalen dans les hautes-terres d’Aceh, conduit au massacre de près de 3 000 villageois dont plus d’un millier de femmes et d’enfants.

Dewi Sartika crée les sekolah isteri (écoles pour filles).

 

1905 : La résistance achénaise prend contact avec le consul japonais à Singapour afin de demander de l’aide. Mise en place d’un conseil municipal à Batavia et à Bandung.

La production de caoutchouc se développe à Sumatra.

 

1907 : La guérilla achénaise attaque les Hollandais à Banda Aceh. La compagnie pétrolière Zijlker's Royal Dutch fusionne avec la Shell Transport and Trading pour devenir la Royal Dutch Shell.

 

1908 : Création de la VSTP (syndicat des chemins de fer) qui compte des Indonésiens en son sein.

Le 20 mai voit la fondation du Budi Utomo, pas vraiment un parti politique, mais plutôt un mouvement dédié à la promotion de la culture javanaise, en une sorte de revendication identitaire. L'Indische Vereeniging est créée pour les étudiants indonésiens aux Pays-Bas. Mise en place de la taxe sur le revenu aux Indes néerlandaises.

 

 

1910 : La résistance islamique en Aceh est anéantie.

 

La naissance du nationalisme indonésien

Comme dans les autres colonies européennes, la première guerre mondiale a révélé les faiblesses des métropoles lointaines perçues jusque-là comme toutes puissantes. Au moment où, en Inde, en Indochine ou dans l'espace musulman, un sentiment national inspiré par les modèles européens du siècle précédent commence à émerger, les pouvoirs coloniaux sont de plus confrontés à la grande dépression des années trente. Autant de conditions qui fragilisent les empires européens. Aux Indes néerlandaises, divers mouvements – islamistes pour certains, nationalistes modernistes pour d’autres – remettent en cause la domination hollandaise et, déjà, commencent à s’affirmer les figures, notamment celle de Sukarno, qui conduiront le pays vers l’indépendance. 

 

1912 : L’Indische Partij est créé par Setiabudi (Douwes Dekker), le docteur Cipto Mangunkusumo et Ki Hajar Dewantoro. Les trois seront exilés dans l’année qui suit.

Le 18 novembre, le Kyai Haji Ahmad Dahlan crée la Muhammadiyah à Yogyakarta, une organisation islamique de type moderniste ; elle est une des deux plus grandes organisations religieuses de l’Indonésie actuelle.

 

 

1913 : En janvier, se tient le congrès du syndicat Sarekat Islam à Surabaya ; en cette occasion, il est décidé d’étendre les activités du mouvement sur l’ensemble de l’archipel. Le gouverneur général Idenburg reconnaît le Sarekat Islam en tant qu’organisation légale. L'Indische Partij est interdit ; ses chefs vont aux Pays-Bas.

Le gouvernement des Indes orientales peut emprunter de l’argent sans en référer ni recevoir l’autorisation préalable des Pays-Bas. Suwardi Suryaningrat (connu aussi sous le nom de Ki Hadjar Dewantoro) publie Als Ik Eens Nederlander Was (« Devenir indigène et/ou rester un colonial »), un ouvrage nationaliste ; il est exilé aux Pays-Bas jusqu’en 1919.

 

1914 : Le 9 mai, un Hollandais présent aux Indes néerlandaises, Hendricus Josephus Franciscus Marie Sneevliet, crée l'Indische Sociaal-Democratische Vereeniging (ISDV, Association démocratique et sociale des Indes), qui deviendra le Parti communiste indonésien (PKI, Partai komunis indonesia). Guerre en Europe : le gouvernement hollandais envisage la mise en place de milices aux Indes orientales.

 

1915 : Haji Agus Salim rejoint le Sarekat Islam et met en avant le modernisme islamique ; il sera membre des premiers gouvernements de la république d’Indonésie dans les années quanrante.

 

1916 : Une délégation constituée de membres du Budi Utomo, du Sarekat Islam ainsi que d’autres organisations, se rend aux Pays-Bas.

En décembre, les Etats-Généraux des Pays-Bas promulguent une loi instaurant un parlement aux Indes orientales ; c’est le Koloniale Raad qui deviendra plus tard le Volksraad.

 

1917 : Le Sarekat Islam commence à adopter une position franchement antigouvernementale.

Le port de Surabaya (à l’est de Java) se développe et devient une plateforme importante pour le transport maritime aux Indes orientales. La guerre a perturbé le commerce entre les Indes orientales et l’Europe, mais les affaires avec les États-Unis et le Japon se sont développées. La pénurie de main-d’œuvre pendant la guerre a conduit à des grèves et à des salaires plus élevés.

 

1918 : Le 18 mai, c’est la première réunion du Volksraad, l’Assemblée (39 % de ses membres sont indigènes). Ses membres sont élus par des conseils locaux ; son rôle est purement consultatif. L’ISDV commence l’organisation de soviets à Surabaya, aussitôt interdits par le gouvernement. La « Promesse de novembre » : le gouvernement hollandais annonce que l’Indonésie aura un gouvernement autonome dans un futur indéterminé. Le 14 novembre, des membres indonésiens du Volksraad protestent contre le gouvernement des Indes, car il favorise les intérêts européens.

Au début des années vingt, la compagnie aérienne hollandaise KLM (en néerlandaisKoninklijke Luchtvaart Maatschappij, littéralement Compagnie royale d'aviation) crée une ligne longue distance reliant Amsterdam à Batavia.

 

1921 : En octobre, se tient le sixième congrès du Sarekat Islam ; le syndicat interdit à ses membres d’appartenir à d’autres mouvements et, en particulier, au PKI.

Le jeune Sukarno commence ses études à la Technische Hoogeschool de Bandung.

Le 8 juin, naissance de Soeharto, futur général et président de l’Indonésie.

 

1922 : Création du Perhimpunan Mahasiswa Indonesia ou Association des étudiants indonésiens aux Pays-Bas où l’Indische Vereeniging change de nom et devient le Perhimpunan Indonesia (Association indonésienne).

 

 

1923 : Grève d’inspiration communiste dans les chemins de fer ; de nombreux syndicats sont phagocytés par les communistes. En février, Tjokroaminoto réorganise le Sarekat Islam lequel devient le Partai Sarekat Islam. Les membres communistes quittent le mouvement, entraînant avec eux de nombreux membres de l’organisation ; les factions rouges du Sarekat Islam deviennent le Sarekat Rakyat.

Semaun est exilé. Tan Malaka est nommé agent du Komintern pour l’Asie du Sud-Est.

 

1924 : Fin du califat islamique, ce qui génère de nombreux débats au sein des communautés islamiques indonésiennes.

 

1925 : Nouvelle constitution : le Conseil des Indes devient consultatif, le Volksraad voit son pouvoir législatif limité, le gouverneur général et l’administration ne sont pas affectés. Le nombre de membres au Volksraad est de 60 : 30 Hollandais, 25 Indonésiens et 5 membres d’origine chinoise ou arabe.

Le PKI (parti communiste) lance des grèves et, en décembre, ses chefs se réunissent à Prambanan pour préparer une insurrection.

 

1926 : En novembre, soulèvements du PKI à Banten, Batavia, Bandung, Padang. Le PKI proclame la république. La révolte est écrasée par les Hollandais ; il y a plus de 13 000 arrestations.

Après ces révoltes, l'activité communiste diminue considérablement pour devenir clandestine et, en quelques années, les mouvements de masse disparaissent. 

Sukarno publie une série d'articles sur « Le nationalisme, l'islam et le marxisme », appelant à une coopération entre ces trois mouvements. Jonkheer Andries Cornelis Dirk de Graeff devient gouverneur général (jusqu’en 1931).

Le 31 décembre, Kyai Haji Hasjim Asjari crée le Nahdlatul Ulama (NU), une organisation musulmane orientée vers l’éducation, la charité et l’aide économique. Le NU, plutôt d’essence traditionaliste, deviendra le premier mouvement religieux musulman d’Indonésie et ce, jusqu’à aujourd’hui.

 

1927 : Le 4 juillet, Sukarno et le docteur Cipto Mangunkusumo créent le Perserikatan Nasional Indonesia (PNI, l’Union nationale Indonésienne). Les Hollandais jouent sur les troubles communistes pour arrêter de nombreux chefs indonésiens pourtant non communistes.

 

1928 : Le PNI change de nom, tout en conservant son acronyme, pour devenir le Partai Nasional Indonesia (Parti national indonésien) ; il adopte le drapeau rouge et blanc (merah-putih), le bahasa indonesia comme langue nationale et l’Indonesia Raya comme hymne national (c’est toujours l’hymne de la république d’Indonésie).

Cette période correspond au véritable début du nationalisme indonésien, appelé la Renaissance nationale (Kebangkitan bangsa).

 

1929 : En août, le gouvernement des Indes néerlandaises demande au PKI de mettre fin à ses activités. Les Indonésiens obtiennent une majorité de sièges à la Volksraad, organe toujours consultatif. Le 29 décembre, Sukarno et ses partisans sont arrêtés à Yogyakarta ; ils sont conduits à la prison de Bandung.

 

1930 : Ouverture, le 18 août, du procès de Sukarno à Bandung. Il est condamné le 22 décembre à quatre ans de prison pour activités nationalistes.

Le PNI est dissout par le gouvernement des Indes orientales.

 

1931 : Le 25 avril, le PNI s’auto-dissout ; le Partai Indonesia (ou Partindo) le remplace quatre jours plus tard. Sukarno est libéré par le gouverneur général de Graeff, mais les Indes orientales renforcent les mesures de censure de la presse.

 

1933 : En août, Sukarno est de nouveau arrêté et exilé sans procès sur l’île de Flores. L’armée coloniale hollandaise, la Oost-Indische Leger prend le nom de KNIL (Koninklijk Nederlands-Indisch Leger).

 

1934 : Les Hollandais commencent à mettre en œuvre la « préférence impériale » en prenant des mesures protectionnistes contre les produits japonais.

 

1936 : T. Van Starkenborgh est nommé gouverneur général (il le sera jusqu’en 1945).

Le 29 septembre, le Volksraad vote en faveur de la pétition pour l’autonomie de l’Indonésie dans le cadre de la Constitution hollandaise. A cette époque, la moitié des exportations agricoles de l'Indonésie est issue de terres appartenant à des Indonésiens. En 1900, presque aucune des exportations agricoles ne provenait de leurs terres.

 

1937 : Création, le 17 décembre, de l’Agence de presse Antara (elle existe encore aujourd’hui).

 

1938 : Moscou demande au PKI de mettre un terme aux activités anti-hollandaises.

Le 16 novembre, le gouvernement hollandais rejette la pétition de 1936 sur l’autonomie de l’Indonésie. A la fin des années trente, les Hollandais construisent des ouvrages de défense à Surabaya, Amboine, Cilacap par crainte d’une invasion japonaise dans la région ; toutefois, ils se refusent à armer les Indonésiens pour défendre l’archipel.

 

1940 : En février, les Hollandais rejettent de nouveau toute idée d’autonomie pour les Indes orientales.

 

En mai, les Pays-Bas sont envahis par les forces allemandes et le gouvernement néerlandais trouve refuge à Londres.

 

L'Indonésie dans la seconde guerre mondiale

Le second conflit mondial vient bouleverser la donne en Asie du Sud. La guerre-éclair conduite par le Japon permet à l’empire du Soleil Levant d’écarter les Hollandais, de tenir à distance Anglais et Américains et de chercher à établir aux Indes néerlandaises l’un des piliers de la construction de la fameuse sphère de coprospérité de l’Asie orientale qui constitue l’objectif ultime de l’impérialisme nippon. Aux Indes néerlandaises, les nationalistes locaux voient dans la victoire japonaise l’opportunité de préparer l’indépendance, au risque de devoir collaborer avec l’occupant. Au final, la défaite japonaise de 1945 ouvre la voie vers une indépendance que les nationalistes indonésiens comptent bien arracher aux Hollandais. 

 

1940 : Le 10 mai, l’Allemagne envahit les Pays-Bas ; le 15 mai, la Hollande capitule et le gouvernement néerlandais se réfugie à Londres.

Les autorités des Indes néerlandaises déclarent l’état de siège et mettent le territoire sur le pied de guerre. Les citoyens allemands sont envoyés dans des camps d’internement.

Le 28 juin, le Japon annonce qu’il veut renégocier les traités commerciaux avec les Pays-Bas et suggère en août que l’Indochine française et les Indes néerlandaises soient incorporées volontairement au sein de la « sphère de coprospérité d’Asie orientale ».

En septembre, les troupes japonaises entrent en Indochine française.

Le 12 septembre, le gouvernement des Indes néerlandaises entame des négociations commerciales avec une délégation japonaise. Hubertus van Mook, le dernier chef du gouvernement des Indes néerlandaises, ne répond pas favorablement aux exigences japonaises concernant le carburant d'aviation, mais, le 12 novembre, suite à un accord, un quota des ventes de pétrole des Indes vers le Japon est arrêté. Malgré l’invasion allemande, la Hollande tient toujours ses colonies ; depuis plus d'un an et demi, bien que relevant du gouvernement en exil-néerlandais à Londres, le gouvernement des Indes néerlandaises est toujours en place dans l’archipel indonésien.

 

 

1941 : Le 6 janvier, les Hollandais arrêtent des leaders nationalistes. Thamrin meurt en détention cinq jours plus tard et Douwes Dekker est exilé au Surinam. Le gouvernement des Indes néerlandaises soupçonne Thamrin et les autres personnes arrêtées de collaborer secrètement avec les Japonais.

Le 11 janvier, de nouveaux négociateurs japonais arrivent à Batavia, sous la direction de Yoshizawa, pour demander au gouvernement des Indes néerlandaises de rejoindre la « sphère de coprospérité d’Asie orientale », mais Hubertus van Mook ne fléchit pas.

Le 14 mai, ultimatum japonais au gouvernement des Indes néerlandaises, exigeant une reconnaissance de l’influence et de la présence japonaise dans la région.

Le 6 juin, les pourparlers entre Néerlandais et Japonais échouent. Le gouvernement des Indes néerlandaises déclare qu'aucune concession ne sera faite au Japon.

Le 11 juillet, le Volksraad met sur pied une milice indonésienne.

Le 26 du même mois, les actifs japonais dans les Indes néerlandaises sont gelés.

Le 30 juillet, le gouvernement hollandais en exil promet de tenir une conférence sur l’Indonésie après la guerre.

En août 1941, signature de la charte de l'Atlantique par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et les gouvernements en exil de la plupart des nations occupées de l'Europe, y compris les Pays-Bas.

La charte en appelle, entre autres choses, au « droit de tous les peuples à choisir la forme de gouvernement sous laquelle ils vont vivre ».

En septembre de la même année, les diplomates néerlandais précisent qu'ils ne pensent pas que cela s’applique à l'Indonésie.

En 1941, les Britanniques et les Américains ainsi que les Néerlandais commencent à limiter les échanges commerciaux avec le Japon et, notamment, ceux portant sur les équipements qui pourraient être utilisés à des fins militaires. En réponse, le Japon annonce qu'il va organiser une « grande sphère est-asiatique de coprospérité », un bloc qui fournira des matières premières au Japon et qui recevra en retour les exportations nippones. Le bloc sera dirigé par l'armée japonaise. La propagande japonaise avance également l'idée que les colonies asiatiques des puissances européennes doivent être exemptes de tout contrôle occidental.

Le 5 décembre, le gouvernement des Indes néerlandaises demande à l’Australie de bien vouloir envoyer des troupes à Amboine et au Timor.

Le 8 décembre, au lendemain de Pearl Harbour, les Japonais envahissent la Malaisie et attaquent au même moment les Philippines. Les Pays-Bas déclarent la guerre au Japon. Le 16 décembre, les Achénais anti-hollandais prennent contact avec les forces japonaises entrées en Malaisie.

Le 17 décembre, raid de l’aviation japonaise sur Ternate (Moluques).

Les Japonais débarquent au Sarawak (Nord-Ouest de Bornéo).

Le leader nationaliste Hatta appelle les Indonésiens à s’opposer aux Japonais.

 

1942 : Le 2 janvier, les Japonais prennent Manille (Philippines). Le 3, c’est le tour de la province de Sabah (Nord de Bornéo). Le 6, c’est Brunei ; le même jour, ils effectuent leur premier raid aérien sur Amboine (Moluques).

Entre le 10 et le 13 janvier, les Japonais commencent leur invasion de l’Indonésie ; à Tarakan (côte nord-est de Bornéo) où se trouvent des puits de pétrole et une raffinerie.

Le 12 janvier, Hubertus van Mook fait un voyage d'urgence aux Etats-Unis, demandant des renforts et que les Indes néerlandaises ne soient pas oubliées dans le système de défense des alliés.

Le 16 janvier, des agents achénais reviennent de Malaisie avec la promesse japonaise qu’ils bénéficieront d’un soutien contre les Hollandais.

Le 30 janvier, les Japonais prennent Amboine en seulement 24 heures.

Les troupes britanniques évacuent la Malaisie et se dirigent vers Singapour.

Après la perte de la Malaisie et de Singapour par les Britanniques, après la perte des Philippines par les Américains, la défense des Indes néerlandaises devient impossible. Le 3 février, les Japonais bombardent Surabaya. Le 4, c’est la bataille du détroit de Makassar. Singapour tombe le 15 février. Les Japonais débarquent sur Bali le 19 février. Premier raid de l’aviation nippone sur Darwin (Australie). Le 20 février, les Japonais débarquent sur Timor. Le 23, une révolte soutenue par les Japonais éclate à Aceh contre les Hollandais. Lors de son transfert, Sukarno s’échappe. Entre le 27 février et le 1er mars, c’est la bataille de la mer de Java. L’amiral hollandais Karel Willem Frederik Marie Doorman y est tué, coulant avec son navire le HNLMS De Ruyter.

Le 1er mars, c’est aussi la bataille du détroit de la Sonde ; les Japonais débarquent à Banten.

Le 7 mars, Rangoon (Birmanie) tombe aux mains des Japonais. Le 8, à Java, les Hollandais, sous le commandement de Starkenborgh, font leur reddition près de Bandung. Le 28 mars, les dernières forces hollandaises de Sumatra font à leur tour leur reddition dans le Sud d’Aceh.

Les Japonais interdisent toutes les activités et les partis politiques. Le Volksraad est dissous. Les drapeaux indépendantistes rouges et blancs (Merah-Putih) sont interdits. La XVIe armée japonaise prend en charge Java ; la XXVe, Sumatra alors que la marine impériale contrôle la partie orientale de l’archipel.

Les Britanniques et les Américains se répartissent les tâches : la Grande-Bretagne essayera de reprendre la Malaisie et Sumatra ainsi que la Birmanie. Le Pacifique et l'Indonésie sont sous la responsabilité des Etats-Unis (en collaboration avec l'Australie).

Le 17 juin, le gouvernement hollandais en exil à Londres met en place un Conseil consultatif pour les affaires des Indes néerlandaises.

En juillet 1942, les Japonais regroupent Sukarno, Hatta et Sjahrir à Jakarta. Ces trois leaders nationalistes se répartissent les tâches : Sukarno s’occupera de rallier les masses pour l'indépendance, Hatta sera en charge des affaires diplomatiques et Sjahrir coordonnera les activités souterraines. Sukarno accepte l'offre japonaise d'être chef du gouvernement indonésien, mais toutefois responsable devant l'armée japonaise. Le Commandement japonais ordonne de développer les sentiments pro-japonais dans les zones occupées.

Le 7 décembre, la reine Wilhelmine des Pays-Bas, en exil, fait un discours dans lequel elle promet une relation nouvelle avec les colonies une fois la guerre terminée.

Le 27 décembre, les Japonais ouvrent le premier camp d'internement pour les femmes hollandaises à Ambarawa (Sud de Sumatra).

 

1943 : Le 9 mars, les Japonais mettent sur pied le Putera (Pusat Tenaga Rakyat, une organisation politique auxiliaire). Sukarno en est nommé président ; Hatta et Ki Hadjar Dewantoro en sont membres.

Le même jour, les Japonais organisent les auxiliaires militaires locaux (le Heiho), attachés à des unités régulières japonaises. Les soldats du Heiho indonésien comprenaient des volontaires et des conscrits forcés. Le 7 juillet, le Premier ministre japonais Tojo, dans un discours à Gambir (Jakarta), promet aux Indonésiens une autonomie limitée.

Durant cette période, de nombreuses églises protestantes sont dirigées par des Indonésiens, les ecclésiastiques et missionnaires hollandais ayant été envoyés dans des camps d'internement japonais.

Le 3 octobre, les Japonais mettent sur pied le « Giyugun » (forces de défense locales) pour Sumatra et Java. Celle pour Java est appelé PETA (Pembela Tanah Air). De nombreuses personnalités notables ont intégré la PETA, dont Soedirman et Suharto. Les militants indépendantistes envisageaient cette formation militaire non pas tant comme un soutien apporté au Japon, mais plutôt comme une préparation à une éventuelle indépendance. A la mi-1945, il y avait 120 000 combattants armés au sein de la PETA. Ce groupe sera à l’origine des nouvelles Forces armées indonésiennes (TNI, plus tard ABRI) après la proclamation de l'indépendance.

En octobre, le Miai devient le Masyumi (le Majlis Syurah Muslimin Indonesia, le Conseil des musulmans d’Indonésie) sous supervision japonaise.

Le 3 novembre, Hatta fait un discours exhortant les Indonésiens à se joindre au Giyugun (PETA).

Le 10 novembre, Sukarno, Hatta, et Kyai Bagus Hadikusumo sont amenés par avion à Tokyo pour être décorés par l'empereur du Japon.