Arafat déclarait dans une interview télévisée:

« nous avons fait une chose très importante, nous avons créé un nouveau peuple de réfugiés, nous sommes devenus des combattants.C’est très important. Nous étions de réfugiés sans patrie, nous sommes devenus des combattants pour la liberté »

Les chartes de l’OLP sont intéressantes quant à la vision des « Palestiniens », en gestation dans leurs années de rédaction.

L’OLP est créée par Nasser au Caire en 1964 conjointement avec les soviétiques. Son dirigeant emblématique Yasser Arafat est lui-même natif du Caire en Egypte. Elle publie une première charte. Celle-ci est révisée quatre ans plus tard en 1968, postérieurement à la guerre des six jours. Entre ces deux dates, de l’eau a coulé sous les ponts et les termes diffèrent.

L'auto identification des arabes de Palestine comme Palestiniens est quasiment absente des revendications arabes avant 1964-67. Les arabes, pour beaucoup descendants d'immigrés des Pays ou territoires arabes environnant souhaitant auparavant être intégrés à une grande Syrie.

La charte de 1964 utilise peu le nom « peuple palestinien » ou « peuple arabe palestinien » (7 occurrences), contre 26 en 1968. A l’inverse la première utilise les termes « peuple arabe de Palestine » 7 fois contre une seule pour la deuxième charte.

Mais les deux chartes définissent les Palestiniens (article 6 et article 5). La subtilité est que les Palestiniens, les arabes de Palestine, appellation ethnico-géographique se muent en Peuple palestinien.

La charte de 1964 parle du peuple arabe de Palestine, de ses aspiration à rejoindre la grande nation arabe. En 1968, la personnalité palestinienne devient l’identité palestinienne.

Les juifs d’origine palestinienne (article 7) deviennent des juifs qui résidaient habituellement en Palestine (art 6).

L’unité arabe est indissociable de la libération de la Palestine, en 1964 comme en 1968. Mais l’indépendance n’apparait qu’en 1968 (article 14).

Les termes virulents sont là déjà en 1964, « purifier la Palestine de l’existence sioniste » qui n’augure rien de bon pour les Juifs si Israël venait à perdre une guerre (article 15) mais la charte de 1968 n’hésite pas après avoir appelé à la violence à écrire que « La libération de la Palestine, d’un point de vue spirituel, fera bénéficier la Terre Sainte d’une atmosphère de sécurité et de quiétude » (article 16).

La charte de 1968 est d’ailleurs catégorique, Israël doit disparaître (et les juifs avec sans doute) : « le peuple arabe palestinien rejette toute solution de remplacement à la libération intégrale de la Palestine ». Comme les foules le scandent aux USA, en Grande-Bretagne et même en France sans toujours en comprendre l’implication, la charte souhaite une Etat « from the river to the sea »

 

1964

1968

Article 1 - La Palestine est une terre arabe unie par des liens nationaux étroits aux autres pays arabes. Ensemble, ils forment la grande nation arabe.

Article 1 : La Palestine est la patrie du peuple arabe palestinien : elle constitue une partie inséparable de la patrie arabe, et le peuple palestinien fait partie intégrante de la nation arabe.

Article 3 - Le peuple arabe de Palestine a le droit légitime à sa patrie.

Il est une partie inséparable de la nation arabe. Il partage les souffrances et les aspirations de la nation arabe et sa lutte pour la liberté, la souveraineté, le progrès et l’unité.

Article 3 : Le peuple arabe palestinien détient le droit légal sur sa patrie ...

Article 4 - Le peuple de Palestine déterminera sa destinée lorsqu’il aura achevé la libération de sa patrie en accord avec son propre désir, sa libre volonté et son libre choix.

Article 3 :

et déterminera son destin après avoir réussi à libérer son pays en accord avec ses vœux, de son propre gré et selon sa seule volonté.

Article 5 : la personnalité palestinienne

Article 4 : l’identité palestinienne

Article 13 - Le destin de la nation arabe et l’essence même de l’existence arabe sont solidement liés au destin de la question de Palestine. L’effort et la lutte de la nation arabe pour libérer la Palestine s’appuient sur ce lien profond. Le peuple de Palestine assume un rôle d’avant-garde dans la réalisation de cet objectif national sacré.

Article 14 : Le destin de la nation arabe et, à vrai dire, l’existence arabe elle-même dépendent du destin de la cause palestinienne. De cette indépendance découle les efforts de la nation arabe tentant à la libération de la Palestine. Le peuple palestinien tient un rôle d’avant-garde dans la réalisation de ce but national sacré.