Les États-Unis , ont proposé le 29 novembre 2018 une résolution dont les termes sur Activités du Hamas et d’autres groupes militants à Gaza

 

La résolution fait écho d'une part aux résolutions proposées le 23 novembre à l'ONU. Elle répond aussi aux nombreuses critiques émises contre Israël sans avoir de contrepartie à l'encontre du Hamas qui gouverne d'une main de fer le territoire de Gaza, emprisonne et exécute, tout en envoyant des centaines de roquettes sur les villes israéliennes limitrophes.

 

L’Assemblée générale,

 

Réaffirmant son appui à une paix juste, durable et complète entre Israéliens et Palestiniens, dans le respect du droit international, et ayant à l’esprit les résolutions pertinentes de l’Organisation des Nations Unies1,

 

Considérant que tous les actes de violence commis contre des civils, en particulier les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation, d’incitation et de destruction ne font que saper la confiance et entraver les efforts faits pour trouver une solution pacifique,

 

1. Condamne le Hamas pour ses tirs de roquettes répétés sur Israël et ses incitations à la violence, qui mettent la population civile en danger ;

2. Exige que le Hamas et autres militants, dont le Jihad islamique palestinien, cessent tous actes de provocation et de violence, notamment au moyen d’engins incendiaires aéroportés ;

3. Condamne l’utilisation des ressources que fait le Hamas à Gaza en vue de construire des infrastructures militaires, y compris des tunnels pour s’infiltrer en Israël et des installations permettant de tirer des roquettes vers des secteurs civils, alors que ces ressources pourraient être utilisées pour répondre aux besoins vitaux de la population civile ;

4. Demande à toutes les parties de respecter pleinement le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire, y compris s’agissant de la protection de la population civile ;

5. Demande également qu’il soit mis fin à toutes les formes de violence et d’intimidation dirigées contre le personnel médical et humanitaire, et rappelle qu’il importe de respecter l’inviolabilité et la neutralité des locaux de l’Organisation des Nations Unies ;

6. Encourage l’adoption de mesures tangibles dans l’optique d’une réconciliation inter palestinienne, y compris en appui à l’action de médiation entreprise par l’Égypte, ainsi que de mesures concrètes visant à réunifier la bande de Gaza avec la Cisjordanie sous la juridiction de l’Autorité palestinienne et à assurer son bon fonctionnement dans la bande de Gaza ;

7. Se félicite de l’engagement pris par le Secrétaire général et le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient de participer, en coopération avec les parties concernées, à une action visant à désamorcer la situation, et les engage instamment à s’investir davantage à cet égard et à répondre aux besoins urgents constatés dans le domaine des infrastructures, sur le plan humanitaire ainsi qu’en matière de développement économique.

Un vote préalable de l'Assemblée générale adopte le vote qualifié, c'est à dire la nécessité d'une majorité aux deux-tiers pour l'adoption de cette résolution. Ce mode de scrutin est demandé par le Koweït et a été adopté à une majorité de seulement trois voix, à 75 voix contre 72 (l'Union européenne a voté contre) et 26 abstentions.

La résolution sur le Hamas est rejetée par un vote à 87 voix pour, 57 contre et 33 absentions.

 

Pour le porte-parole du Hamas Sami Abou Zarhi, c'est un victoire. Il déclare :

« L’échec de l’entreprise américaine aux Nations unies constitue une gifle pour l’administration des Etats-Unis et une confirmation de la légitimité de la résistance »

« Vous devriez avoir honte! Attendez d’être à votre tour confrontés au terrorisme », s’est emporté Israël.  « Votre silence vous place du côté opposé de ceux qui subissent le terrorisme, et même des Palestiniens qui en subissent les conséquences meurtrières. »  « Nous pensons à vous », a dit Israël aux Gazaouis.  « Vous méritez mieux qu’un régime de terreur. »  « La haine d’Israël est-elle si forte que vous êtes prêts à appuyer coûte que coûte le Hamas? se sont également demandé les États-Unis.  Le texte américain, a commenté l’Observateur de l’État de Palestine, visait à réduire la question de la Palestine à une question de violence alors que l’on parle du rétablissement des Palestiniens dans leurs droits à la terre, à l’autodétermination et à l’indépendance, sans occupation étrangère.  La communauté internationale ne saurait accepter que l’ordre international fondé sur des règles agréées soit aussi facilement perturbé.

Le texte américain n’offrait rien pour résoudre la situation, et les mesures punitives visant à saper nos droits et à humilier notre peuple resteront vaines, a prévenu l’Observateur.  Quel honneur pourrait d’ailleurs tirer une grande puissance du fait de peser de tout son poids pour faire courber l’échine au peuple palestinien.  Nous sommes un peuple fier et résilient, a conclu l’Observateur qui a en revanche, remercié l’Irlande, la Bolivie, et toutes les délégations qui ont voté pour la dernière résolution et confirmé leur attachement au droit international et aux résolutions de l’ONU, refusant que des critères agréés de longue date soient balayés d’un revers de main.2

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“Sous la pression des Européens, les Palestiniens et les pays arabes avaient renoncé à amender le texte américain pour y introduire des rappels précis des résolutions liées à la demande d'une fin de l'occupation israélienne, au statut de Jérusalem-Est et à la solution de deux Etats dans les frontières reconnues en 1967, largement soutenue dans le monde. Ils ont transformé leur amendement en projet de résolution qui devait être mis au vote dans l'après-midi à l'Assemblée générale de l'ONU.

Le chef du Hamas Ismaïl Haniya s'était plaint dès le 28 novembre de la démarche américaine dans une lettre rare à la présidence de l'Assemblée générale de l'ONU. La missive, remise au représentant de l'ONU à Gaza, n'est cependant jamais arrivée à destination. Elle a été transmise au seul pouvoir légitime reconnu par l'ONU, à savoir l'Autorité palestinienne, qui l'a toujours en mains, selon une source onusienne. Selon le Hamas, l'échec du vote à l'ONU de la résolution américaine est « une gifle pour l'administration Trump ».3


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Les États-Unis avaient déjà proposé, sans succès, le 1er juin, la résolution suivante sur la situation interne de Gaza :

 

Le Conseil de sécurité,

Se déclarant préoccupé par l’escalade de la violence à Gaza du fait d’organisations terroristes telles que le Hamas,

Rappelant ses résolutions sur la protection des civils en période de conflit armé et insistant sur l’obligation de ne pas faire des civils, des populations civiles ou des biens de caractère civil l’objet d’attaques dans des situations de conflit armé,

Déplorant les pertes en vies humaines et le fait que des civils innocents soient mis en danger,

Soulignant que toutes les parties doivent s’acquitter des obligations que leur impose le droit international, notamment le droit international humanitaire et le droit international des droits de l’homme, selon qu’il convient,

Se déclarant vivement préoccupé par la montée des violences et des tensions et la détérioration de la situation à Gaza du fait d’organisations terroristes telles que le Hamas, en particulier depuis le 30 mars 2018,

Condamnant tous les actes de violence visant des civils, y compris les actes de terreur, ainsi que tous les actes de provocation, d’incitation à la violence et de destruction du fait d’organisations terroristes telles que le Hamas,

Réaffirmant le droit de réunion et de manifestation pacifiques, la liberté d’expression et le droit de libre association,

Alarmé par l’aggravation de la crise humanitaire catastrophique qui frappe la bande de Gaza et soulignant qu’il convient d’y remédier durablement,

Insistant sur les effets particuliers que les conflits armés ont sur les femmes et les enfants, notamment réfugiés et personnes déplacées, ainsi que sur les autres civils particulièrement vulnérables, tels que les personnes handicapées et les personnes âgées, et soulignant qu’il lui incombe, ainsi qu’aux États Membres, de renforcer davantage la protection des civils,

Rappelant son attachement à un règlement durable du conflit israélo-palestinien selon des modalités convenues par les deux parties,

Réaffirmant que tous les États de la région ont le droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et internationalement reconnues,

1. Condamne avec la plus grande fermeté les tirs de roquettes effectués de manière indiscriminée par des militants palestiniens basés à Gaza en direction de villages israéliens le 29 mai 2018, qui ont endommagé des infrastructures civiles et constitué l’attaque la plus grave lancée à partir de Gaza depuis 2014 ;

2. Exige que le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes militants basés à Gaza mettent fin à toute activité violente et à tout acte de provocation, y compris le long de la clôture frontalière, et cessent de mettre les civils en danger du fait de leurs actes ;

3. Condamne le fait que le Hamas, le Jihad islamique palestinien et d’autres groupes basés à Gaza détournent des ressources aux fins de la construction d’infrastructures militaires, y compris des tunnels pour pénétrer en Israël et des installations pour lancer des roquettes, alors que ces ressources auraient pu répondre aux besoins de la population civile ;

4. Prie instamment les États Membres de s’abstenir de fournir aux groupes militants basés à Gaza des armes ou tout autre matériel susceptible d’être utilisé pour effectuer des tirs de roquettes ;

5. Exhorte toutes les parties à respecter pleinement le droit international des droits de l’homme et le droit international humanitaire, y compris en ce qui concerne la protection de la population civile, et réaffirme qu’il importe de prendre des mesures appropriées pour garantir la sécurité, le bien-être et la protection des civils et veiller à ce que les responsables de toutes les violations répondent de leurs actes ;

6. Déplore tout acte de nature à susciter des violences et à mettre en danger des civils commis par des groupes terroristes basés à Gaza tels que le Hamas, et exhorte tous les acteurs à faire en sorte que les manifestations restent pacifiques ;

7. Exige que des mesures soient prises d’urgence pour garantir l’instauration immédiate d’un cessez-le-feu durable et pleinement respecté ;

8. Prie instamment toutes les parties présentes à Gaza de faire preuve de la plus grande retenue et du plus grand calme, et préconise l’adoption immédiate de mesures tangibles pour stabiliser la situation et inverser toute tendance négative sur le terrain résultant des actes d’organisations terroristes basées à Gaza, y compris le Hamas ;

9. Exige de toutes les parties qu’elles coopèrent avec le personnel médical et humanitaire afin de permettre et de faciliter l’accès sans entrave à la population civile, demande instamment la cessation de toutes les formes de violence et d’intimidation dirigées contre le personnel médical et humanitaire et se déclare vivement préoccupé par la destruction du point de passage de Kerem Shalom par des acteurs basés à Gaza, qui entrave gravement l’acheminement de nourriture et de carburant destinés à la population de Gaza ;

10. Encourage l’adoption de mesures concrètes dans l’optique d’une réconciliation inter-palestinienne, y compris à l’appui de l’action de médiation entreprise par l’Égypte, en vue de réunifier la bande de Gaza avec la Cisjordanie sous la juridiction de l’Autorité palestinienne et de veiller au bon fonctionnement de celle-ci dans la bande de Gaza ;

11. Se félicite de l’engagement pris par le Secrétaire général et le Coordonnateur spécial des Nations Unies pour le processus de paix au Moyen-Orient de participer, en coopération avec les parties concernées, à une action visant à désamorcer immédiatement la situation, et les prie instamment de s’investir davantage et de satisfaire aux besoins urgents sur le plan humanitaire et sur les plans du développement économique et des infrastructures, y compris dans le cadre de l’exécution de projets avalisés par le Comité de liaison ad hoc ;

12. Prie le Secrétaire général d’examiner la présente situation et de lui soumettre, afin d’empêcher que de nouveaux affrontements se produisent, un rapport écrit, dans les meilleurs délais et au plus tard dans les 60 jours à compter de l’adoption de la présente résolution, sur les organisations terroristes telles que le Hamas qui, au cours des 90 derniers jours, ont utilisé des manifestants pour commettre d’autres actes de violence ou pour inciter des tiers à en commettre ;

13. Décide de rester saisi de la question.

1Ce paragraphe n'est pas dans la proposition initiale des États-Unis.

3RFI, 6 12 2018