Walter Guinness, Lord Moyne est l'auteur d'un discours opposé au sionisme à la chambre des Lords le 9 juin 1942. Pour lui , les Juifs ne sont pas les descendants des Hébreux et n'ont aucune revendication légitime sur la Palestine. Opposé à l'immigration dont il voudrait l'arrêt, il est devenu pour certains l'ennemi impitoyable de l'indépendance des Hébreux1. Il est nommé Haut-commissaire britannique en Égypte en août 1942. Le 6 novembre, il est assassiné au Caire par deux terroristes du Lehi (groupe Stern). Churchill, dont il était l'ami déclare alors :


Lord Moyne (1880 – 1944) Gouverneur britannique au Caire

Si nos rêves en faveur du sionisme doivent finir dans la fumée des pistolets des assassins et si nos rudes efforts en faveur de son avenir doivent engendrer une nouvelle espèce de gangsters dignes de l'Allemagne nazie, beaucoup, comme moi, vont devoir reconsidérer la position que nous avons maintenue dans le passé avec tant de constance et depuis si longtemps. Si l'on veut que subsiste le moindre espoir d'un avenir pacifique et fécond pour le sionisme, ces activités pernicieuses doivent cesser et ceux qui en sont les responsables doivent être anéantis, jusqu'au dernier.2

La colère est grande mais aucune action concrète d'envergure n'est engagée par les Britanniques à l'encontre des Juifs du Yichouv. Les assassins sont pris, jugés et exécutés en Égypte le 22 mars 1945. Leurs corps est récupéré lors d'un échange par Israël en 1970 et enterrés au Monument des héros. Selon Marius Schattner, historien de la droite israélienne, l'ironie de l'histoire est que Moyne, qui avait été longtemps opposé à la création d'un Etat juif, était venu à penser qu'il n'y avait pas d'autre solution3

1 Isaac Zaar, Rescue and liberation america's part in the birth of Israël, Bloch 1954 p.115)

2 In James Barr, une ligne dans le sable, Perrin, p. 332

3 Marius Schattner, Histoire de la droite israélienne, de Jabotinsky à Shamir, complexe, 1991, p.221