Dès sa formation au XVème siècle à Paris, cette communauté se préoccupe d'acheter ou de louer un cimetière et d'installer un oratoire, son lieu de culte. Avec l'implantation du Consistoire de Paris la communauté portugaise se range sous la bannière de ce dernier mais en essayant de maintenir toujours sa spécificité. En 1826, elle abandonne l’oratoire modeste de la rive gauche situé rue du cimetière St André des Arts pour un local cédé par le Consistoire et situé derrière le Temple de la Rue Notre Dame de Nazareth. Il devient très vite trop petit.

Comme le Temple Nazareth doit faire l'objet d'une démolition afin d'être reconstruit, un oratoire provisoire est installé 39 rue du Sentier. On commence alors à bâtir un Temple rue Lamartine.

Il sera inauguré en 1851 et comprend 300 places. Cependant le coût élevé de la construction met en péril les finances de la Communauté qui cherche à nouveau à se rattacher au Consistoire. Ces problèmes surgissent avec la question de la fusion des rites qui est très présente au XIXème siècle. Il s'agit de remplacer les deux rites allemands et portugais par un rite français « Tsorfat ».

On envisage même de le mettre en vigueur dès l'inauguration du Temple de la rue la Victoire dont la construction commence à cette époque Une commission mixte travaille à ce projet à partir 1865.
En 1874, l'assemblée des fidèles d'origine portugaise refuse l'adoption de ce rite commun.

Le Consistoire décide alors de conserver le rite allemand pour le Temple de la rue la Victoire. La Communauté portugaise piquée dans son honneur choisit elle aussi de construire un grand Temple sépharade dans le même quartier et dans le même style architectural.
En 1875, un petit groupe de fidèles originaires de Bayonne et de Bordeaux, de l'Empire Ottoman et du Comtat Venaissin, créent une société civile par action qui a pour mission d'acheter un terrain et d'y faire bâtir un Temple. Les dons sont importants mais ne suffisent pas. C'est alors qu'un mécène se propose. II s'agit de Daniel Ifla Osiris.
Description de la synagogue selon la revue l'univers israélite en 1877 :
La partie supérieure de la façade est formée par deux grands arcs concentriques, supportant un fronton couronné par les Tables de la Loi. La hauteur totale de la façade du sol au faîte des Tables de la loi est de 22,50m.
Une inscription en hébreu cite le texte biblique : « Sois béni en en arrivant, soit béni en sortant » (Deut, XXVIII,6).
Le monument de la rue Buffault est un chef d’oeuvre d'architecture, l'architecte M. Stanislas Ferrand a bien mérité d'Israël.
La façade est très belle, le premier porche élégant. Avant de pénétrer dans le temple proprement dit, on traverse un second porche auquel donnent accès six portes cintrées se faisant face.
L'intérieur de l'édifice comprenant 650 places est à la fois riche et sévère. La nef est large cependant la courbe n’est pas assez accentuée ; c'est une des causes de l'insuffisance de l'acoustique. Les bas côtés comprennent six arcades soutenues par des colonnes en marbre blanc. Au dessus, se trouvent les galeries réservées aux dames.
Le Tabernacle a de grandes proportions. Une petite grille en fer forgé le sépare du public. Deux superbes rideaux en velours rouge qui forment portière lorsqu'on les ouvre cachent à nos yeux le lieu saint. Le Thamid finement ciselé fait honneur à sa donatrice Mme Veuve David Léon. En face du tabernacle et superposée au second porche se trouve une tribune dont la partie du fond est réservée à l'organiste et à la maîtrise et la partie du devant au public.
Les lustres et les candélabres sont très beaux. Nous avons surtout remarqué le chandelier à 8 branches.
Une balustrade en pierre entoure la Théba. Au plafond, 4 rosaces occupent les quatre parties centrales de la nef.
Le Tabernacle entouré de marbre est surmonté d'une cinquième rosace qui mérite d'être décrite : la pierre taillée à jour figure des nuages et des rayons ; derrière, des verres où on a habilement combiné diverses nuances jaunes ; enfin, au centre, les tables de la Loi telles que la tradition veut que les ait portées Moïse descendant du Sinaï. Cette rosace représente les rayons du soleil émergeant des Tables de la Loi et perçant les nuages.
A noter que le Temple est orienté vers Jérusalem comme le veut la tradition.
(cf site de la synagogue Buffault)