L'American colony hotel est l'un des hôtels historiques de Jérusalem. Situé dans le quartier de Sheikh Jerrah, un quartier animé de Jérusalem-Est, non loin de la porte de Damas, l'hôtel a accueilli tous les diplomates, dirigeants et têtes couronnés venus à Jérusalem.

C'est dans la suite 16 , où l’on peut accéder sans passer par la réception, se sont retrouvés, durant des semaines, Yossi Beilin, émissaire du Premier ministre israélien de l’époque Yitzhak Rabin, et Fayçal Husseini, notable palestinien de la ville de Ramallah. Leurs échanges ont été les prémices des accords d’Oslo signés en 1993. L’une des premières manifestations du dialogue israélo-palestinien pour une reconnaissance mutuelle des deux nations.

Winston Churchill, Graham Greene, Lawrence d’Arabie et le mythique chef de la Légion arabe Glubb Pacha y avaient leurs habitudes. Bob Dylan et l’actrice Uma Thurman comptent parmi les clients fidèles. A deux kilomètres des murailles de la vieille ville de Jérusalem, l’hôtel American Colony, l’un des cinq-étoiles les plus prestigieux du Proche-Orient, est depuis 150 ans un havre de paix et une vigie unique au cœur des soubresauts de cette région du monde. Même au plus fort des tensions entre l’Autorité palestinienne et Israël – comme actuellement avec les émeutes de l’Esplanade des mosquées –, des émissaires des deux camps se sont toujours rencontrés ici pour dialoguer au bar ou dans les jardins. Toute l’histoire de ce palace est fascinante.(article Le Temps, 4 aout 2017)

Le site de l'hôtel en fait l'historique :

La riche histoire de l'American Colony remonte à la fin du 19e siècle, suite à une série d'événements tragiques qui ont conduit Horatio et Anna Spafford, une famille chrétienne fervente, à quitter leur ville natale de Chicago en 1881, afin de trouver la paix dans la ville sainte de Jérusalem et d'offrir de l'aide aux familles en détresse.

Puisant leurs forces dans leur foi et le réconfort dans la parole de l'hymne "It is Well with my Soul", écrit par Horatio Spafford à la suite de la perte de ses quatre filles dans un naufrage, les Spafford, avec seize autres membres de leur Église, se nommant eux-mêmes "Les vainqueurs" ont rejoint Jérusalem et se sont installés ensemble dans une petite maison de la vieille ville.

Ils n'ont jamais été des missionnaires mais aimaient vivre, tout comme les premiers chrétiens une vie simple en mettant tout en commun. Leur porte étant toujours ouverte à leurs voisins juifs et arabes ainsi qu'aux bédouins séjournant aux environs de la ville et ayant traversé le fleuve du Jourdain, ils ont bientôt établi de bonnes relations avec la population locale et sont devenus vite connus pour leurs actes de bienveillance et d'aide à la communauté. Les gens les appelaient simplement "les américains". Soixante-dix suédois vivant aux États-Unis rejoignirent "les américains" en 1894, suivis de cinquante-cinq autres venant de Nas en Suède deux ans plus tard et la communauté s'étant élargie avait besoin de locaux plus grands. La maison qu'ils achetèrent avait été initialement construite en tant que palais pour un pacha et ses quatre femmes. Ce palais allait bientôt devenir l'American Colony Hotel.
L'idée de l'American Colony Hotel de Jérusalem trouve son origine en 1902, lorsque Baron Ustinov (grand-père de l'acteur Sir Peter Ustinov), trouvant les auberges turques de l'époque inacceptables, avait besoin d'un hébergement convenable à Jérusalem pour accueillir ses visiteurs venant d'Europe et d'Amérique.

Peu de temps après, l'American Colony est devenu un hébergement pour les voyageurs occidentaux et les pèlerins dont les attentes avaient été déçues par les établissements qui existaient alors à Jérusalem.
L'American Colony Hotel occupe une place unique dans l'histoire de la région, après avoir enduré d'innombrables défis et une série de guerres. Ce fut le lieu d'où le drapeau blanc - provenant d'un drap de lit d'un des hôpitaux de la colonie, actuellement exposé à l'Imperial War Museum de Londres- a été levé pour initier la trêve qui a mis fin à la domination ottomane de Jérusalem.

La colonie a toujours été reconnue localement comme un îlot neutre, restant en dehors de la politique turbulente du pays. Propriété ni arabe ni juive, mais américaine, britannique et suédoise, elle a toujours eu des amis dans toutes les classes de la société mixte de Jérusalem. Oasis où Juifs et Arabes se rencontrent confortablement, c'est aussi le refuge préféré des journalistes internationaux, des officiers supérieurs de l'Organisation des Nations Unies et des diplomates à travers le monde.

Les fondateurs ont conservé leur ancienne maison dans la vieille ville et l'utilisent à des fins caritatives, en prodiguant des soins à des enfants nécessiteux avec des services qui se sont développés au fils des décennies. Aujourd'hui, les bâtiments abritent le Spafford Children's Center, qui gère les départements de protection sociale, médicale et de travail social pour les enfants de la région.

Bien que la gestion quotidienne de l'hôtel a été transmise par le petit-fils Spafford, Horatio Vester à sa retraite aux hôtels Gauer de Suisse, l'American Colony est toujours la propriété des descendants de la communauté fondatrice et est gérée par ces derniers. Son Conseil d’administration est composé de membres de la famille qui restent très impliqués. La colonie est une partie de l’histoire de leur famille, tout comme une partie de l’histoire de Jérusalem.

La maison de la tentation

Horatio Spafford avait aussi décidé de ne plus avoir de relation physiques avec sa femme. Ce qui est vite devenu la non-pratique de tout le groupe. Mais les pratiques sexuelles des "Américains" sont devenues une source de spéculation dans certaines parties de Jérusalem. Le consul américain, Selah Merrill, était particulièrement imaginatif sur ce sujet, affirmant que l'amour libre régnait dans la maison de la vieille ville, et que c'était l'œuvre du diable. Merrill, qui avait suivi une formation de ministre congrégationaliste, n'aimait pas l'opposition de la colonie au travail missionnaire, ni ses autres opinions religieuses dissidentes, et on pense que c'est ce qui a motivé son hostilité.

Il a même été allégué qu'Anna a donné l'instruction aux membres de la communauté de s'exposer régulièrement à la tentation sexuelle. Afin de tester leur force d'âme, les hommes mariés devaient maintenir un contact étroit avec les jeunes femmes, et vice versa, jusqu'à partager un lit. Malgré le soutien d'une grande partie de la société de Jérusalem, ces histoires et l'opposition du consul américain ont causé pas mal de problèmes aux colons.

La brochure en ligne de l'hôtel est très complète sur l'histoire de l'American colony