Albert Cohen écrivain français prix nobel de littérature et ses personnages Mangclou, Solal, les Valeureux... , le chanteur Georges Moustaki, mais aussi la famille Olivetti (machines à écrire), Alessandro et Americo Aboaf (industrie du cinéma), Victor et Rafaële Israël (négociants et philantropes, Iquitos, Pérou) etc.
Histoire de la communauté juive de Corfou, J. A. Romanos, 18911, revue des études juives
« La population juive de Corfou compte en 1890 environ 5000 personnes. Le quartier juif, au sud est de la ville, s’étend sur un cinquième de la ville.
Au XIIIe siècle, lorsque les rois de Naples de la maison d'Anjou s'emparèrent de l'île, il y avait beaucoup de Juifs à Corfou, et il est probable qu'ils y arrivèrent de l'Orient, car ces premiers colons juifs de Corfou parlaient exclusivement le grec, et la plus ancienne synagogue de Corfou, dont font partie les plus anciennes familles juives de la ville, s'appelle synagogue grecque.
L'état des Juifs de Corfou sous la domination de la maison d'Anjou (c'est-à-dire du XIVe au XVe siècle) était assez triste, pas aussi triste cependant que dans le reste de l'Europe. Divers souverains de Corfou leur accordèrent des chartes ou privilèges pour modérer les persécutions dont ils étaient l'objet, maints décrets de ce genre furent publiés par les princes de Tarente.
Philippe de Tarente, souverain de Corfou avec sa femme Catherine, impératrice titulaire de Constantinople, les protégea par un décret du 23 novembre 1311 et un autre du 12 mars 1324. Le décrêt fut ensuite confirmé par ses successeurs.
Ces privilèges étaient autrefois conservés dans les archives de la synagogue, mais du prince Philippe Ier il ne nous est parvenu, à notre connaissance, qu'un résumé du décret de l'année 1324, conservé par le célèbre Mustoxidi, qui, dans le Έλληνομνήμων, en dit ce qui suit :
« Parmi d'autres documents conservés dans la synagogue des Juifs à Corfou, il se trouve une lettre de Philippe, prince de Tarente. Dans cette pièce, adressée aux autorités de Corfou, Philippe se plaint, comme d'une injure et d'une tache imprimée à son gouvernement, que les décrets rendus par lui en faveur des Juifs de la ville et de l'île de Corfou ne soient pas exécutés. Les fonctionnaires enlevaient les lits, les vêtements, les meubles et les bêtes des Juifs ; ils s'emparaient de leurs personnes et les obligeaient de servir gratuitement comme marins sur les vaisseaux de guerre ; ils les obligeaient de comparaître devant les tribunaux le samedi ou de travailler le samedi et les autres jours de leurs fêtes ; ils dressaient les gibets sur les tombeaux juifs, forçaient les Juifs d'exécuter les condamnations à mort et les autres peines infligées aux malfaiteurs. C'est pour cela que Philippe ordonnait impérieusement et péremptoirement que les Juifs ne fussent plus désormais astreints à aucune fourniture ni à aucune corvée, excepté celles qui sont permises par le bon sens et la coutume et qui étaient demandées également aux autres citoyens, et qu'on les laissât fêter selon leurs lois leurs sabbats et leurs fêtes, sans les déranger. »
D'après le seul document de cette époque du 6 mars 1365 les Juifs étaient, dès l'origine, affranchis de tous les impôts, cotisations, et de toutes autres charges, sauf l'impôt pour l'éclairage de la ville de Corfou. La souveraine Marie de Bourbon ordonna au gouverneur de Corfou d'observer strictement leurs anciens privilèges.
Période vénitienne
Mais vers la fin du XIVe siècle, la domination des Anjou à Corfou devait disparaître : en 1386, l'île, ayant besoin d'un fort protecteur, se rendit volontairement aux Vénitiens. Des six délégués envoyés à Venise pour négocier cette reddition, l'un était Juif, David Semo, de l'importante famille Semo qui existe encore aujourd'hui à Corfou. La mission de ce Juif a été omise avec intention par Andréas Marmora, patricien de Corfou du XVIIe siècle, dans son histoire de l'île de Gorfou, et même Antoine Rhodostamo, poète et littérateur corfiote mort au commencement de ce siècle, en conteste l'authenticité, mais elle est prouvée par des documents vénitiens officiels.