L’existence d’un peuple palestinien est maintenant réelle. Il s’identifie comme tel, possède une conscience nationale, des emblèmes et une histoire récente.

Pour autant sa ‘création’ résulte d’évènements contemporains, nullement ancrée dans l’histoire avant la deuxième moitié du XXe siècle. De fait, l’émergence comme l’ascension du concept de peuple palestinien s’est faite en réaction, bien que décalée d’un cinquantaine d’année, contre le sionisme et ses réalisations.

Le mot palestinien est beaucoup plus récent que celui de Palestine. On trouve pour la première fois l'expression « Phéniciens et Syriens de Palestine » et « Syrie palestinienne » chez Flavius Josèphe (+37; +100), historien judeo-romain, notamment dans les Antiquités Judaïques, en citant Hérodote. Il parle ensuite de la conquête de la Palestine, c'est alors dans ses écrits « le pays des Juifs ».

En février 1919 lorsque le Premier Congrès des Associations Musulmanes et Chrétiennes s’est tenu à Jérusalem, pour choisir les représentants arabes de Palestine à la Conférence de la Paix de Paris, ils adoptèrent la résolution suivante : « Nous déclarons que la Palestine fait partie intégrante de la Syrie arabe dont elle n’a jamais été séparée. Et que nous lui sommes liés par des liens religieux, linguistique, naturel, économique et géographique. »

En 1937, un chef local arabe, Auni Bey Abdul-Hadl, déclara devant la Commission Peel, celle-la même qui, plus tard, prônera la partition de la Palestine : « Ce pays (la Palestine) n’existe pas ! Ce mot, Palestine, est un mot inventé par les Sionistes ! Il n’y a aucune Palestine mentionnée dans la Bible. Depuis des siècles, notre pays fait partie de la Syrie. »

En Mai 1947, le représentant du Haut-Comité Arabe aux Nations Unies soumettait à l’Assemblée Générale une déclaration selon laquelle « La Palestine faisait partie de la Province de Syrie » et que, « politiquement, les Arabes de Palestine n’étaient pas indépendants en ce sens qu’ils ne constituaient pas une entité politique séparée. » Quelques années plus tard, Ahmed Shuqeiri, qui deviendra président de l’OLP, déclarera devant le Conseil de Sécurité : « Il est de notoriété publique que la Palestine n’est rien d’autre que la Syrie du sud. »1

Il n’y a jamais eu de langue, de monnaie, de religion, d’armée, de roi, de république, de gouvernement, de parlement, de grands hommes ou femmes, d’artistes, de conquérants, d’aventuriers, de scientifiques, d’absolument aucune institution ou culture qui se revendiquaient ‘palestinienne.

En 1977, Zuheir Mohsen haut responsable de l'OLP affirmait :"

« le peuple palestinien n'existe pas… il n'y a pas de différences entre les Jordaniens, les Palestiniens, les Syriens et les Libanais », même si l'identité palestinienne serait soulignée pour des raisons politiques. « Entre Jordaniens, Palestiniens, Syriens et Libanais, il n'y a aucune différence. Nous faisons tous partie d'un seul peuple, la nation arabe [...] Juste pour des raisons politiques, nous souscrivons soigneusement "Notre identité palestinienne. Parce qu'il est de l'intérêt national pour les Arabes de prôner l'existence des Palestiniens pour contrebalancer le sionisme. Oui, l'existence d'une identité palestinienne distincte n'existe que pour des raisons tactiques".

Les deux plus anciennes personnalités palestiniennes recensées sur wikipedia, sont ainsi très récentes puisqu'elle ont vécu au XXe siècle. Il s’agit du médecin de l’armée ottomane Tawfiq Canaan (1882-1964) et Abdul Hameed Shoman (1888-1974), un homme d’affaires, fondateur de l’Arab Bank.

Si le territoire nommé Palestine est le siège d’une longue histoire, le ‘peuple palestinien’ est donc d’origine très récente, il y a une cinquantaine d’années.

1Israël, mythes et réalités p.6