Pour fixer des seuils, nous considérons comme appartenant aux classes moyennes les personnes situées au-dessus des 30 % les plus pauvres et en dessous des 20 % les plus riches. Nous avons choisi un seuil de pauvreté se situant à la moitié du revenu disponible médian (après impôts et prestations sociales) et un seuil de richesse au double de ce revenu [1].

Si on utilise les définitions précédentes, le seuil de pauvreté vaut 769 euros mensuels (données 2015) pour une personne seule [2], 1 491 euros pour un couple sans enfant et 1 963 euros pour un couple avec deux enfants. Les catégories populaires – c’est-à-dire les 30 % les plus modestes, à ne pas confondre avec les personnes pauvres comme on le fait parfois – rassemblent tous ceux qui touchent moins de 1 245 euros par mois pour une personne, 2 435 euros pour un couple sans enfant et 3 253 euros pour un couple avec deux enfants. Le niveau de vie des classes moyennes est situé entre 1 245 et 2 259 euros par mois pour une personne seule, entre 2 435 et 4 378 euros pour un couple et entre 3 253 et 5 609 euros pour un couple avec deux enfants. Les catégories aisées se situent au-dessus de ces niveaux. Si on fixe le seuil de richesse au niveau du double du revenu médian, on devient riche à partir de 3 075 euros mensuels pour une personne seule, 5 963 euros pour un couple et 7 852 euros pour une famille avec deux enfants.

Ces limites sont discutables. Rappelons qu’il s’agit de revenus après impôts et prestations sociales et non uniquement les revenus perçus (voir encadré). Notre seuil de pauvreté est bas : le plus souvent, c’est le seuil à 60 % du niveau de vie médian qui est utilisé, non celui à 50 % comme ici. Notre définition monétaire des catégories populaires est restrictive. D’un point de vue sociologique, ces catégories comprennent l’ensemble des employés et ouvriers, qui représentent la moitié des actifs. Nos catégories « aisées » rassemblent des ménages aux revenus très inégaux, des cadres supérieurs aux PDG de multinationales. Enfin, les données de l’Insee ne prennent en compte ni le niveau de patrimoine détenu, ni le coût du logement [3] ou des transports, qui réduisent les niveaux de vie et dépendent des territoires où l’on vit.

Le premier intérêt de ces délimitations de niveaux de vie est d’éviter de mélanger des revenus par personne et ceux de ménages de types différents. Connaître le niveau de vie médian d’une personne n’est pas très parlant pour la plupart des ménages qui raisonnent globalement. Ces seuils permettent ensuite de dresser les contours des différentes catégories de revenus (populaires, moyennes, aisées), certes approximatifs et critiquables, mais qui donnent des ordres de grandeurs. Ces délimitations fixent enfin un seuil de richesse, grand absent du débat public. L’absence de travail sur les outils de définition est fréquente en France dans le domaine des revenus : le brouillard permet à des points de vue très différents de ne pas être contredits par des faits, ce qui semble satisfaire la majorité… Il en résulte de nombreuses exagérations.

Cet article est repris du Centre d’observation de la société.

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[1Une définition qui vaut celle du seuil de pauvreté. Voir notre article « À quel niveau de vie est-on riche ? ».

[2Il ne faut pas confondre ce chiffre avec le seuil de pauvreté à 50 % du niveau de vie médian pour « l’équivalent d’une personne seule », qui est un calcul théorique. Ici il s’agit de ce que touchent vraiment les personnes seules. Voir notre article « Les seuils de pauvreté en France » pour en savoir plus.

[3Très difficile à intégrer dans la mesure où il faudrait savoir si la localisation du logement est subie ou choisie.

[4Ce qui n’est pas déclaré échappe par définition au calcul.

[5On pourrait encore affiner, par exemple en tenant compte du nombre d’enfants de chaque famille.

 

Date de première rédaction le 7 avril 2014.

 [ site inegalites.fr ]

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