Par une loi fondamentale votée par la Knesset le 22 juillet 1980, par 99 voix pour et 51 contre, Jérusalem, entière et réunifiée est proclamée capitale unifiée et éternelle d'Israël.

Jérusalem qui a été ottomane de 1516 à 1917, sous occupation britannique de 1917 à 1920, sous mandat de la SDN puis de l'ONU de 1922 à 1948, occupée et annexée par la Jordanie de 1950 à 1967 (Partie Est), occupée et annexée par Israël de 1949 à 1967 (partie Ouest), occupée par Israël de 1967 à 1980 (partie Est) , est incorporée en totalité à l’État d'Israël.

 

 La ligne verte marque l'avancée des armées israélienne et jordanienne à l'issue de la guerre de 1948. Elle est aussi appelée 'frontières de 1967' , comprendre d'avant la guerre de 1967.

 

L'article 6 de la loi précise que la souveraineté sur Jérusalem ne passera pas aux mains d’une entité étrangère, étatique ou souveraine, ou une entité étrangère autre aussi bien provisoirement que définitivement.

 

Les réactions sont unanimement virulentes. Aux États-Unis, la loi est considérée comme nulle et non avenue. L’Égypte condamne vigoureusement la nouvelle action qualifiée « d’obstacle au processus de paix ». Toutes les représentations diplomatiques installées à Jérusalem sont rapatriées à Tel-Aviv au cours de l’année 1981. Mais le problème soulevé par les pays arabes reste celui de l’hypothétique transfert du cabinet du Premier ministre israélien dans l’est de Jérusalem. Les États-Unis coupent court : il n’est pas question d’y songer sous peine de voir toutes relations diplomatiques entre Israël et les États-Unis rompues. L’ambassadeur américain ne rencontrera jamais le Premier ministre israélien dans un territoire dont la souveraineté est disputée.

D’ailleurs, aucun représentant officiel des Nations unies ou d’un de ses membres ne peut visiter la partie Est de Jérusalem. La réaction du maire de Jérusalem, M. Teddy Kollek, est sans appel : « Je suis le maire de toute la ville et pas de sa moitié. Je comprends d’autant moins le comportement des Américains que leur ambassade n’est même pas située dans la partie occidentale de Jérusalem, où ils veulent bien admettre notre souveraineté.1

Quant au conseil de sécurité de l'ONU,

gardant à l'esprit le statut particulier de Jérusalem et, spécialement la nécessité de protéger et de préserver la dimension spirituelle et religieuse unique de lieux saints de la ville,[il] vote en réaction la résolution 478 le 20 août 1980, affirmant que cette loi «constitue une violation du droit international». Le Conseil a ajouté que «toutes les mesures et dispositions législatives et administratives prises par Israël, puissance occupante, qui ont modifié ou visent à modifier le caractère et le statut de la Ville sainte de Jérusalem, et en particulier, la récente ‘loi fondamentale’, sont nulles et non avenues».

Les États-Unis s'abstiennent pour le vote. Les seuls pays à installer une ambassade à Jérusalem sont le Costa-Rica (1982) et le Salvador (1986). Ils la déplacent vers Tel-Aviv en 2006.

L'annexion met en relief les divisions du monde arabo-musulman :

Ainsi, alors que le roi Hassan II du Maroc demande au président Egyptien Sadate d'être ferme sur Jérusalem, Sadate répond vertement que la situation est née de l'attitude négative des pays arabes et musulmans qui se sont contentés de proférer des imprécations devant des hauts-parleurs et assure que pour sa part il accorde une priorité absolue au problème de Jérusalem.

Le prince Fahd d'Arabie appelle pour sa part à la guerre sainte.

Mais à Casablanca, le comité Al Qods (Jérusalem) doit ajourner sa réunion de clôture faute d'un accord sur une formule de riposte du monde islamique à la décision israélienne d'annexer Jérusalem. 2

1 La question du transfert de l'ambassade des État-Unis, 1947-2000, Murielle Temine in guerre mondiale et conflits contemporains n°201 , 1/2001

2Le Monde 19/08/1980,

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